vendredi 19 décembre 2008

Joyeux Noël

Joyeux Noël à tous. 
Ne vous inquiétez pas de mon silence dans les jours qui viennent, parce que je vais sur une île loin de tout, et en premier lieu d'Internet. Je suis invité par la famille d'Hendrikus, un de mes enfants. Des échos que j'ai eu cette île est un reste du Paradis terrestre. 
En revanche, je ne sais pas quand je rentre. J'espère avoir un bateau pas trop tard, parce que je suis attendu par les autres volontaires pour fêter le nouvel an chez notre évêque, sur l'île de Bangka.
A bientôt, donc.

Premières communions.









Ce soir le foyer est en fête: quatre de nos jeunes (Petrus, Mario, Riki Ta et Ricky Chandra) ont communié pour la première fois. On leur avait préparé une belle messe: fleures, déco... et invité les filles et leurs bonnes soeurs.
C'est le père Marco qui est venu célébrer et prêcher. On a bien mangé et bien ri. Une belle soirée, je crois, priante à la messe et joyeuse au dîner. Le mieux est quand même que je vous laisse profiter de quelques photos, en vrac. 

dimanche 14 décembre 2008

Bahasa Perancis / La langue française

Je donne, de temps en temps, des petits cours de français. Avant moi, les autres volontaires le faisaient aussi. Voici le résultat de nos cours. Ce que savent mes enfants:
  • Bonzour. Comment ça va?

  • Ça va bien. / Ça va, ça va.

  • Comment tou t'appelles?

  • Ze m'appelle ...

  • Allez, allez, à la dousse!

  • Allez, allez, au dodo!

  • Merdre (ça c'est pas moi qui leur ai appris!)

  • Tou veux des « claks » (prononcer le « s »)

  • Tou es belle / beau

  • Ze veux des sous

  • Mille

  • Dix (prononcer le x) mille

  • Merci beaucoup

  • « Douriane » (De rien. Le durian, que l'on prononce « douriane » est un fruit qui sent atrocement mauvais)

  • Manzer du poulet

  • Bon noui (bonne nuit)

  • Ze t'aime

  • Bonbon

Sondage

Certains se plaignent du manque de couleurs sur le blog. Je fais une tentative d'en mettre, mais je ne suis pas convaincu du résultat. Donc je fais appel à mes fidèles lecteurs: quelle est la meilleure couleur pour ce blog? 
Répondez au sondage à droite en haut de l'écran.
Merci!

samedi 13 décembre 2008

He is back

Ce matin, Krishna est revenu. 
Si j'avais su qu'il passait la nuit à Tanjung Pinang, je l'aurais invité à assister à la messe à 5h30. Il est revenu pour discuter avec moi du foyer, de son fonctionnement, de ses ressources, du back ground social des enfants...

Et puis il a aussi voulu nous aider sur du plus long terme: à partir de janvier, chaque premier Samedi du mois et pendant au moins un an, 50 repas complets et équilibrés nous seront livrés gratuitement. Merci, c'est gentil.

On a aussi discuté de nos vies respectives: lui est jeune retraité, son épouse aussi. Ils sont d'origine indienne. Elle est déjà catholique, mais lui n'est encore que catéchumène. Comme des milliers de Singapouriens, il se prépare au baptême. Chaque année, Singapour, qui n'est pourtant pas un diocèse immensissime célèbre environ 2000 baptêmes d'adultes. C'est énorme! Lui et son épouse m'ont par ailleurs déjà invité à déjeuner chez eux lors de mon prochain renouvellement de visa, probablement en Janvier. Bon appetit.

vendredi 12 décembre 2008

Hare Krishna! Hare! Hare!

Vous connaissez la secte « Association internationale pour la conscience de Krishna »? Et bien son gourou est un donateur du foyer.

Non, je rigole, c'est une blague. Mais il y a un donateur dont le prénom est Krishna. Il est venu aujourd'hui de Singapour. Je ne devrais pas le critiquer, parce qu'il est gentil et très généreux, mais comme je suis méchant, je vais le faire.

Premier point, il est arrivé en voiture avec chauffeur accompagné de sa grosse bourgeoise femme, ce qui fait pas mal d'effets sur les enfants.

Ensuite, il nous a annoncé d'un air que pourrai prendre le Messie quand il reviendra qu'il apportait des vêtements pour les enfants. On ne lui a pas dit, mais on en a déjà trop, des vêtements. On ne sait pas quoi en faire et ils traînent partout. Il a dû se dire, chez lui, à Singapour, que des pauvres ça devait manquer de vêtements. Probablement l'équivalent local de Paris Match a t-il fait un jour un émouvant reportage sur les enfants du Darfour ou les populations d'Éthiopie qui l'ont touché. Mais Tanjung Pinang ce n'est pas le Darfour! Son geste illustre les préjugés de bourgeois qui ne connaissent le monde que par les médias à sensation.

Puis il a tenu à donner de la main à la main 20 000 Rp à chaque enfant. C'est une somme non négligeable. Peut-être 15€ en France. Il aurait, je pense été plus judicieux que cet argent passe par moi qui peux (un peu) contrôler ou elle va: en clope ou pas... Et surtout, en faisant cela, il confirme l'image que les enfants ont des gens venant des pays riches: ce (ne) sont (que) des distributeurs de billets. Il m'a demandé ce que les enfants allaient, selon moi, acheter avec cet argent. Je n'ai pas eu le courage de lui dire qu'une partie irait en clopes, alors je lui ai répondu que ne mangeant que rarement des fruits au foyer, et ne buvant jamais de lait, je leur conseillerai d'en acheter.

Bonne idée. Il est revenu deux heures plus tard avec des fruits pour trois repas! Il m'a par ailleurs laissé une liasse de 20 billets de 50000Rp. Pas mal de sous. C'est quand même gentil!

Où est ma tong?

Hier matin, à la sortie de la messe, un gamin m'a piqué une tong. Une seule. (on laisse ses souliers dehors avant d'entrer dans la chapelle, comme dans une mosquée). Ça arrive souvent qu'ils me prennent une pompe, à moi ou à un autre adulte, et qu'ils la déplacent; ça les fait rire de nous voire chercher deux minutes. Mais hier matin, je ne l'ai pas retrouvée. Ça m'a un peu agacé. Mais surtout ce « vol » était la suite d'une longue série dont la victime exclusive avait été jusqu'à présent mon co-volontaire. La liste de ses effets qui ont disparu est d'une longueur assez impressionnante...

Mais ce qui m'a vraiment énervé hier, c'est que je l'ai dit à Hiro, le directeur du foyer, qu'on m'avait piqué une tong, et, comme pour les fois précédentes, il n'a pas tellement réagit. Non pas que je sois très attaché à mes pompes, mais laisser faire impunément des voleurs ne me semble pas hyper pédagogique.

Au début des vols, je ne disais pas grand chose, puisque je n'en étais pas la victime. Mais mon co-volontaire, lui non plus ne réagissait pas tellement. C'est quand même gênant, je trouve, de subir sans rien faire. Donc je suis allé voir le père Henri. Je ne suis pas très partisan de parler des problèmes du foyer avec lui, parce qu'à chaque fois il veut régler le problème. Ça part d'un bon sentiment, mais il complique toujours tout. En plus ça donne à Hiro l'impression que je le « saute » dans la hiérarchie. Dans un pays dans lequel les relations hiérarchiques sont très rigides, cela passe pour un manque de respect, voire de l'humiliation. Et en aucun cas je ne voulais lui faire perdre la face. Mais enfin, comme personne ne réagissait, j'ai pensé que c'était mon devoir de le faire.

Je suis donc allé voire le père Henri et je lui ai expliqué la situation. J'ai pas insisté sur le fait que mon co-volontaire ne réagit pas, pour ne pas compliquer l'histoire. D'après lui, les enfants volent parce qu'ils n'ont pas la même notion de propriété privée qu'en occident: chez vous, ce qui est à vous est à vous et ce qui est au voisin est au voisin. Chez moi, ce qui est à moi est un peu à la communauté, et ce qui est à la communauté est donc aussi un peu à moi. C'est pour ça, par exemple, que l'on peut « piquer » une paire de ciseaux ou des vêtements en toute bonne foi, sans le moindre scrupule et sans que la « victime » ne s'offusque outre mesure . Mais je ne crois pas qu'ils volent dans ce cadre des objets dont ils n'ont aucune utilité: une méthode d'indonésien, par exemple. Les vols qu'ils ont fait à mon co-volontaire – et ma tong! - avaient donc un autre mobile, très probablement plus sombre...

Le père Henri a donc téléphoné à Hiro pour lui demander de réagir plus vivement, ce qu'il a fait: le soir même il annonçait aux enfants que tant que la tong ne serait pas rendue, on ne mangerait plus de poisson. Scandale dans l'assemblée. Il n'empêche: ce soir j'ai retrouvé mon bien et, en prime, j'ai eu droit à des excuses du criminel. Il m' a expliqué avoir piqué ma tong parce que il y a 3-4 mois je l'avais engueulé assez vivement: avec un pote il faisait un concours de pets pendant la messe et m'envoyait ballader quand j'avais l'odace de lui demander, à défaut de cesser, au moins repporter son jeu si passionnant à la fin de l'eucharistie... 

Quelles conclusions tires-je de cette affaire:

  • 1- Ne pas réagir est la meilleur chose à faire pour encourager les voleurs à persévérer.
  • 2- Attendre que les indonésiens se bougent équivaut pratiquement à la solution 1.

  • 3- Prendre des résolutions fermes aide à trouver le coupable vite.

  • 4- Être naïf ou angélique est anti-productif et anti-éducatif.

  • 5- Heureusement que j'étais là pour crever l'abcès: mon co-volontaire aurait probablement continué à déprimer sans réagir...

  • 6- Vouloir être efficace est délicat si l'on ne veut pas froisser la susceptibilité des indonésiens.   

jeudi 11 décembre 2008

Nouveau portail

Allez vite sur www.mepasie.org. c'est le portail des MEP. Il vient d'être refondu et modernisé complètement. Il n'est pas encore complet, mais on peut déjà y lire une présentation du groupe d'Indonésie.

mercredi 10 décembre 2008

Les Papous défendent leur droit à la nudité (www.liberation.fr)

Habillé de plumes et de son seul étui pénien —lkoteka—, Suroba, un Papou âgé d’une soixantaine d’années résiste à la décision de l’État indonésien d’appliquer une loi interdisant les tenues «obscènes».
La précédente tentative de Djakarta pour bannir le koteka, dans les années 1970, fut un échec retentissant.
«Nous portions alors le koteka et nous le portons toujours aujourd'hui», fait remarquer Suroba.

Suroba craint que cette tenue ne soit aujourd'hui de nouveau menacée par la loi «anti-pornographie» récemment adoptée par le parlement à Djakarta, à 3.500 km du cœur de la Papouasie. Ce texte, controversé et soutenu par les musulmans conservateurs, criminalise les œuvres et les «mouvements» considérés comme obscènes et pouvant violer la moralité publique.

Pour Lemok Mabel, membre du conseil coutumier de la vallée de Baliem : «Cette loi est contraire aux valeurs culturelles des peuples indigènes»«Le risque de conflit existe si la police débarque et commence à arrêter des gens pour les forcer à ne plus porter le koteka», prévient l'un de ses collègues. 
Si la plupart des enfants et des jeunes adultes ont adopté tee-shirt et pantalon comme tenue quotidienne, les hautes terres de Papouasie restent une place forte du sentiment anti-indonésien, où est contestée la souveraineté de Djakarta gagnée en 1967. La tension y monte parfois entre les indigènes et les milliers de soldats stationnés dans la province.
Pour le moment, la police reste prudente quant à l'application de la loi anti-pornographie. Son chef dans la région, estime probable qu'elle ne sera pas appliquée avec sévérité.

La Papouasie occidentale ne sera pas la première région concernée par la loi, prévoit Eva Sundari, députée du Parti démocratique de lutte, qui a mené l'opposition au projet de loi à Djakarta. Car ce territoire excentré compte davantage de chrétiens et d'animistes que de musulmans, qui représentent près de 90% de la population indonésienne.
«Le véritable objectif de la loi est d'être utilisée par les groupes qui défendent l'application de la charia», la loi coranique, dans les régions les plus musulmanes comme les îles de Java et de Sumatra, affirme Mme Sundari.

mardi 9 décembre 2008

Les comptes du mois de novembre

Voici les grandes lignes des comptes courants du mois de novembre:
Recettes: 13 160 000 Rp
Dépenses: 16 525 500 Rp
Résultat: - 3 365 500 Rp
Le déficit de ce mois-ci est très élevé, en tout cas beaucoup plus que les mois précédents. Il s'explique par plusieurs facteurs: 
- Deux enfants ont quitté le foyer, ce qui diminue les recettes de 700 000 Rp. 
- Ekam, notre employé, qui n'est pas très rigoureux dans ses propres comptes, nous à demandé de lui rembourser des factures qu'il a payé à notre place (essence, bricolage...). C'est légitime. Le seul problème c'est que ces factures ont pour certaines 5 mois... : 600 000 Rp.
- Facture de ramassage de poubelles (nouveau!): 80 000 Rp
-Retard de paiement de 10 pensionnaires. Ca ne crée qu'un déficit provisoire, mais c'est délicat pour notre trésorerie.

En décembre, on paie double salaire. Il va donc me falloir trouver 4 000 000 Rp quelque part... 

Pas très rigoureux.

Aujourd'hui, les enfants de toutes les classes entament leur semaine de contrôles communs. Pour avoir le droit de les passer, l'école exige qu'ils soient à jour dans le paiement des frais de scolarité. C'est pas anormal. Mais le problème, c'est que les enfants, à l'image de leur pays, ne sont pas rigoureux. Leurs parents non plus, d'ailleurs: ils ne se préoccupent du paiement de l'école que le matin même. Certains parents ont oublié de virer de l'argent. Que faire? Payer à leur place? Je ne suis pas sensé. Ne pas payer? Mais ils ne passeront pas les contrôles. Les engueuler? Ils ne comprendraient pas pourquoi.

Du coup, c'est le branle bas de combat ce matin: il faut checker ceux qui ont payé et ceux qui ne l'ont pas encore fait, appeler les parents pour leur demander d'envoyer de l'argent le plus vite possible, et avancer les fonds. Heureusement que le foyer a encore un peu de trésorerie...

Ensuite il faut aller payer: certains enfants étant si peu rigoureux, parfois même franchement malhonnêtes, il serait possible qu'ils ne paient pas, n'aillent donc pas à leur examen, mais partent jouer à la Play Station en ville. Quand on arrive devant le bureau du comptable, perpétuellement vide quand j'y vais en temps normal, il y a une queue énorme, peut-être le tiers des élèves.... Mais bon, ça rassure: ça montre au moins que mes enfants ne sont pas pires que les autres.

Police.

Hier soir, un policier est venu au foyer. Je pensait qu'il était là pour emmener quelques pensionnaires faire un genre de retraite ingnatienne à l'ombre et au frais. Mais j'ai rêvé. Dommage. Lol. C'est juste un ancien du foyer, d'il y a quatre ans, qui est revenu en pèlerinage sur les lieux de son adolescence. Il m'a dit que les jeunes du foyer aiment bien devenir policier: ils sont déjà sept. Certains semblent aussi bien aimer se faire arrêter par leurs anciens copains pour faire la fameuse retraite...

Quand un responsable politique est profondément débile.

Un décret signé la semaine dernière interdit à partir du 15 décembre l'importation de nourriture, de vêtements et chaussures, de jouets pour enfants et de certains objets d'électronique grand public dans toute l'Indonésie.

l'Indonésie n'est économiquement pas un pays compétitif. Et c'est de pire en pire. Du coup, un certain nombre d'industries souffrent de plus en plus de la concurrence des autres pays asiatiques qui l'inondent de produits, parce qu'étant un grand pays pas trop pauvre, beaucoup de consommateurs sont un peu solvables.. Pour faire face à cette baisse de compétitivité, au lieu de prendre des décisions de bon sens qui auraient justement permis de rétablir celle-ci, les responsables politiques ont décidé de casser le thermomètre. Vous êtes moins chers? Très bien, vous n'avez plus le droit de nous vendre vos produits.

Mais le décret que je vous ai décrit est grossier: il interdit, par exemple, l'importation de TOUTE nourriture à des fins commerciales (Vous pouvez toujours m'envoyer du saucisson: je ne le vends pas, je le mange!). 90% du lait liquide consommé en Indonésie vient d'Australie. Donc, dans une semaine, normalement il n'y aura presque plus de lait à vendre... Les hôtels de luxe qui proposent des produits internationaux (fromages, alcools...) s'inquiètent de savoir ce qu'ils vont pouvoir servir à manger à leurs clients qui aiment avoir autre chose que du riz et du poisson.

Vous voyez à quelle point cette décision est débile. Un dernier espoir cependant demeure: que dans la semaine soit publié un amendement autorisant l'importation de produits dont la production locale est inexistante.

Le spa de Lagoi.

Dimanche, avec Myo qui est venue passer le week-end au foyer pour se détendre et mon co-volontaire, on est allé à « Bintan Resorts », Lagoi pour les intimes. Cette zone, 12 000 hectares actuellement, 44 000 espérés à terme, a commencé à sortir de terre il y a une quinzaine d'années. Elle a l'ambition de devenir la plus grosse zone touristique du monde. Pas moins. Déjà quelques hôtels de luxe, un Club Med... se sont installés. Certains parlent d'y ouvrir un futur « Disneyland Singapour ». Elle profite à fond de sa proximité avec Singapour, de ses plages magnifiques et du développement économique des pays de la région. Les autorités civiles de l'île de Bintan et de la province de Riau nourrissent de grands espoirs pour le développement économique de la région. Déjà, elle apporte à elle seule 40% des recettes fiscales de l'île. Ils y ont investi beaucoup pour atteindre un standard de confort occidental: l'électricité fonctionne 24h/24, les routes sont en bon état, l'eau potable arrive partout, les déchets sont traités, des lignes de bus circulent, la sécurité est assurée, et même l'accès, restreint: les indonésiens doivent justifier d'un motif sérieux pour pénétrer la zone. Il s'agit de ne pas embêter les touristes...

C'est là qu'est l'un des spas de Marc. Marc c'est un Suisse. Le seul autre blanc que je connaisse habitant Tanjung Pinang. Après une carrière dans le pétrole, il s'est reconverti et a ouvert deux spa. C'est un ami des volontaires MEP, et il les invite quand ils veulent « faire une thérapie », comme il dit. On y est donc allés en curieux. Je n'aurai jamais eu l'idée de faire ça en France. Un truc de filles. On s'est fait tripoter pendant une heure et demie par de charmantes masseuses. Finalement, c'est quand même très agréable. Ça fait un peu évacuer toute la tension accumulée au fil des jours au foyer.

dimanche 30 novembre 2008

Bonne année.

On s'échange des voeux au début de l'année civile, de l'année scolaire... Alors pourquoi pas au début de l'année liturgique?
Donc bonne année à chacun. Selamat tahun baru, comme on dit chez moi.

vendredi 28 novembre 2008

Singapore, acte 2.

Je ne vous l'ai pas dit. Hier je suis rentré d'un séjour de deux jours à Singapour. Mes deux jours de congés dimensuels. Je devais refaire un visa, pour éviter de me retrouver dans la prison pour clandestin qui vient d'être reconstruite à Tanjung Pinang. J'ai failli y passer, d'ailleurs, par ma seule faute: mon visa précédent était valable soixante jours, ce qui pour moi voulait dire deux mois. Donc du 25 septembre au 24 novembre, pour moi cela convenait. Erreur, crétin, ça fait 61 jours. Le flic de la douane a donc voulu me faire peur (faut bien qu'il ait, de temps en temps, le sentiment d'avoir du pouvoir), en me disant que j'étais un clandestin, que c'était illégal, et que, si il voulait il pouvait m'envoyer en prison sur le champ. J'ai fait ma blonde et ça a marché: l'incarcération immédiate a d'abord été commuée en une amende de 200 000 Rp (ce qui est beaucoup, un visa de 60 jours, hors « petite enveloppe » obligatoire coûtant 250 000 Rp), puis, devant ma pseudo-détresse que j'ai tenté d'extérioriser le plus possible, l'amende a été réduite à des gros yeux.
Voilà, c'est la seule aventure du séjour. Pas de naufrage, pas de prise d'otage, pas d'amende, pas de prison.

Singapour.
C'est quand même une ville très particulière. Les singapouriens aussi sont particuliers. Que font-ils de leur vie? Alors, d'abord, ils travaillent. Beaucoup. Ensuite, ils ont deux loisirs: faire du shopping et aller au restaurant. C'est pas croyable le nombre de malls, shopping centers et autres galeries commerciales qui existent. Pour un état qui n'est pourtant pas si grand (4 millions d'habitants environ), réussir à en construire (et remplir!) autant est pour moi une prouesse. C'est simple; chaque pâté de maison a son shopping center. Et ils développent le concept bien mieux qu'en France: chez nous (enfin, chez vous), un centre commercial est conçu pour faire des courses. Certaines personnes – qui ne doivent rien avoir de mieux à faire, les pauvres – vont s'y promener, mais cela n'est pas d'abord conçu pour cela. J'ai « visité » le dernier mall singapourien, et, manifestement, le concept a changé: c'est devenu avant tout un lieu de promenade décomplexée: En plus des magasins et boutiques en quantité incroyable, on trouve des jardins pour se reposer, une terrasse sur le toit avec vue sur la mer, bancs, transats, coins d'herbe et bassins pour se rafraîchir, jeux pour les enfants, lieux de prière, grande promenade, avec d'un côté les terrasses des restaurants du mall est de l'autre une vue assez belle sur le port de tourisme et une île préservée de l'industrialisation. C'est donc bien avant tout un lieu de promenade. Une forme de néo mall dans lequel « les courses » en tant que loisir seraient poussées à leur paroxysme. « Tu viens, on va aller se reposer en prenant un bain de soleil sur les transats des Quatre Temps. - A quel endroit? Entre le Mac Do et Celio ou à côté du LCL et du parking? » C'est quand même assez glauque, non?
Après ces centres commerciaux new age, on peut être surpris par la pub: chaque bus et chaque coin de rue a son écran avec des pubs en continu (avec le son bien évidement), et cette année c'est Hitatchi qui sponsorise les décorations de Noël. Le nom de la boite est donc sur chaque décoration de Noël, chaque guirlande et tous les sapins de l'espace public. A quand les Champs-Elysées décorés par Renault (avec des mini Twingo clignotantes dans les arbres), ou le sapin « marque repère » offert par Leclerc sur le parvis de Notre Dame?
Bon, je suis méchant. Singapour a aussi ses bons côtés. D'abord, on y mange bien pour pas cher. Angeline, la gentille secrétaire de la paroisse qui m'accueille (« the best secretary on the earth », d'après le curé, le père Arro, MEP), m'a invité dans un super restaurant: on peut y manger du vrai pain, et du beurre français à volonté. Un régal!!
Comme autre qualité, Singapour est propre. Même nikel. Ça change de l'Indonésie. Posséder un chuingome est un délit et jeter un papier par terre aussi. Jeter un chuingome doit donc être un grave délit avec circonstances aggravantes.
Ensuite Singapour est climatisée. Partout: métro, magasins, restaurants, musées, bus, taxis, églises, WC publics... Tout est climatisé! Et la clim est le plus souvent réglée sur « glacial », 22-23°. Du coup, bien que l'on crève de chaud à l'extérieur, à Singapour on sort avec son pull.
Mais ce qu'il y a de mieux à Singapour, ce sont les Singapouriens. Enfin, ceux que je connais sont sympa. Il y a d'abord Angeline, la gentille secrétaire dont j'ai parlé plus haut et qui joue le rôle de copine de tous les volontaires qui débarquent dans sa paroisse pour refaire leur visa. Il y a le père Michel Arro, un français, curé de la paroisse qui ne peut s'empêcher de donner une bonne bouteille ou quelques billets (« pour acheter des fruits aux enfants »), avant que l'on reparte. Il y a le père Damien De Wind (qui malgré son nom Hollandais et son visage Philippin n'est ni l'un ni l'autre), le vicaire qui fait quelques bonnes blagues et se montre intéressé par les volontaires qui viennent chez lui. Il y a le père Bruno, MEP aussi, qui a toujours des trucs pour emmener les volontaires dans des coffee shop bio ou des endroits comme ça. Il y a Iwan, le responsable de la pastorale des jeunes de la paroisse qui, s'il n'est pas funissime, a le coeur sur la main....
Bon, sinon, mis à part manger et visiter les centres commerciaux, qu'y ai-je fait dans cette ville?
Je suis allé me promener. A Little India pour voire des Indiens et à Chinatown j'ai rencontré quelques Chinois. A Clarcke j'ai pris un verre sur le bord de la Singapore River, un ruisseau, et en haut du Mont Faber j'ai admiré de loin la taille impressionnante des porte-conteneurs qui arrivent au port. Voilà. En deux jours et demi, c'est pas mal, non?

vendredi 21 novembre 2008

Mentir, c'est pas bien!...

... En France, en tout cas. En Indonésie, c'est pas si simple. C'est très déconcertant, quand on commence à s'occuper de jeunes, de voire avec quelle facilité, et en toute bonne foi, ils mentent. Si je n'avais pas été briefé avant de partir par les autres volontaires, je pense que j'aurais un peu perdu les pédales. Mais heureusement, on m'a briefé sur deux points culturels indonésiens qui sont parmi les plus significativement différents des nôtres:
- En France, quand un enfant est éduqué, (si, il y en a encore) on lui apprend que ce n'est pas bien de mentir. En Indonésie, on lui apprend à ne pas blesser les cœurs. Ça change pas mal la perspective.
- Plus largement, et comme tous les asiatiques je crois, là où les Occidentaux recherchent avant tout la vérité, les Indonésiens recherchent l'harmonie. Peu importe à la rigueur que ce que l'on dit ou fait soit vrai. Ce qui compte, c'est de ne pas rompre l'harmonie naturelle du monde. D'où leur facilité déconcertante à mentir.
Bien entendu, cela ne les empêche pas du tout de mentir AUSSI pour que je leur file des sous ou que je leur fasse une lettre de dispense d'école. Mais alors, pas du tout!

Ces derniers jours...

  • Jerry s'est fait virer.
Jerry c'était un emmerdeur. Il faut appeler les choses par leur nom. Le nouveau type de jeunes que le foyer accueille: les enfants de commerçants de Batam, qui ont de l'argent mais ni morale ni temps pour s'occuper d'eux (business is business). Le genre d'enfant totalement laissé à lui-même et qui pousse comme une mauvaise herbe. Jerry fume beaucoup, bois pas mal, sèche très souvent l'école et fugue du foyer dès qu'il peut. Il ne va que rarement en étude, et quand il y va c'est pour chahuter. Il ne veux jamais se lever le matin pour aller à la messe, ni se coucher le soir. C'est un provocateur et un insolent. Il influence beaucoup les autres, dans le mauvais sens bien entendu. (Moi c'est ça qui me gêne le plus). De la mauvaise graine, très mal partie dans la vie. Pourtant, avec Laurent, Hiro et le Père Henri on avait décidé de le garder. On lui avait dit qu'on lui laissait une dernière chance pour se calmer. C'est l'école (il est en 4°) qui en a décidé autrement. Viré. Et viré de l'école signifie qu'il ne peut pas rester au foyer. Il n'y aurait rien à faire...
Du coup, il va rentrer à Batam. Son père va venir le chercher demain. Lui (Jerry, mais son père aussi, d'ailleurs), il s'en fout. Franchement, je ne sais pas ce qu'il va devenir.

  • Ouverture du magasin.
C'est pas encore un hypermarché, mais presque. Avec Laurent, on met en place un petit magasin pour que les jeunes du foyer puissent acheter leurs produits de première nécessité facilement. Vous pouvez donc trouver dans un magasin ouvert de 6h15 à 22h30 7j/7 (sauf quand c'est fermé), du savon, du dentifrice, des brosses à dents, des chaussettes blanches pour l'école, des slips, des marcels (très à la mode!), de la lessive, des bonbons, des chocolats, des stylos, des crayons, des regles, du tip ex, de la colle, du gel pour les cheveux, du cirage, des cahiers, des sandales... C'est à prix coutant. Déjà 61 références.
Un autre petit avantage de ce magasin, c'est que l'on pourra un peu mieux contrôler les dépenses des jeunes: pour le moment ils nous demandent souvent de l'argent en nous disant que c'est pour acheter de la lessive ou du savon, mais à la place ils achètent des clopes. Là, ils devront trouver une autre excuse.
J'ai reçu des e-commandes. La maison n'exporte pas encore.
  • Ouverture (prochaine) d'une "salle de jeux informatique" (c'est un bien grand mot!).
Un des fléaux du foyer, c'est le Samedi soir: une bonne partie des jeunes fuguent pour aller jouer aux jeux vidéos en ville. Ils jouent jusqu'à pas d'heure, fument et parfois même plus. Et les jeux auxquels ils jouent mériteraient souvent un grand "V" et un grand "E" dans les critiques de FC. (Comprennent les initiés! lol.). En mettant quatre ordinateurs à leur disposition pour jouer dans mon bureau, on espère pouvoir les contrôler un peu. Certes, vu l'age des ordis, on ne pourra pas mettre des jeux extraordinaires (que l'on ne sait d'ailleurs toujours pas comment se procurer...), mais le fait que ce soit gratuit, on espère que la tentation de la fugue sera amoindrie. Enfin, pour le moment on espère surtout. On verra ce que ça donne...
  • Les étudiants
Ce derniers temps, j'ai été presque harcelé par des étudiants indonésiens qui cherchaient de gentils pigeons pour les interviewer. Ce sont des étudiants en tourisme, dans un cycle d'études supérieur, c'est à dire d'un niveau qui n'est normalement pas humiliant. Leur travail consistait à trouver des touristes et à leur poser des questions débiles: Vous venez d'où? Vous faites quoi ici? Où allez-vous? Aimez-vous Tanjung Pinang? ... Des questions toutes connes mais qu'ils étaient, pour la grande majorité, incapable de poser. C'est vraiment impressionnant de voir à quel point les indonésiens ne parlent pas anglais: même dans des études supérieures (et en plus orientées vers le tourisme), ils ne savent pas faire une phrase...
Ça a commencé par trois amis du cuisto du foyer. Puis, des groupes de tailles diverses (de 3 à 11 personnes), ont débarqué sans prévenir pour nous interviewer trois ou quatre fois par jour, Laurent et moi. Au début on trouvait ça marrant, mais au bout de 25 interviews chacun, on a commencé à les envoyer balader. Faut pas abuser. Et puis préparez votre travail avant d'arriver!
  • Dilemme
Depuis cette semaine, on a la télé par le câble. C'est le directeur du foyer qui a voulu ça. C'est sa réponse à lui au problème des fugues: ils vaut mieux qu'ils regardent du foot à la télé plutôt que de fuguer. Au début j'étais contre: il y avait déjà la télé (de très mauvaise qualité, certes), et même si elle n'est ouverte que du Samedi après-midi au Dimanche soir, je trouvait que les jeunes la regardait trop. C'est vrai que ses programmes ne sont pas immoraux; l'Islam contrôle bien, et toute scène méritant un petit"e" ou un petit "v" dans FC est coupée. (Là aussi, comprennent ceux qui peuvent!). Même dans Astérix et Obélix mission Cléopâtre. Mais les feuilletons qui passent sont vraiment, mais alors vraiment très bas de gamme. En comparaison, Plus belle la vie, c'est du cinéma d'art et d'essai, et TF1, un chaine culturelle élitiste. C'est avilissant comme pas deux...
En plus, le câble nous coute 60 000 Rp par mois. C'est pas énorme, mais c'est trop quand on a déjà plus de sous.
Donc, voilà, j'étais contre l'idée d'élargir les capacités télévisuelles. Mais face aux fugues, n'est-ce pas mieux qu'ils restent tranquillement au foyer? Je ne sais pas. Pour moi, ça reste un dilemme. En tout cas, ça montre un défi: proposer des activités qui leur plaisent plus que fuguer ou regarder la télé. Pas facile...

mardi 18 novembre 2008

Gros dégoutant!

Il y a un truc qui m'agace chez les indonésiens, c'est qu'ils ne savent pas travailler proprement. C'est agaçant de leur confier un travail simple et qu'ils soient incapables de le faire bien...
Il y a quelques temps, j'ai fait deux petites cartes pour remercier des donateurs. Je les ai fait signer par une vingtaines de jeunes, en leur précisant qu'ils fallait faire ça proprement, et ne signer que si l'on avait les mains et le bureau propres. Mais ça n'a pas été possible: carte cornée, traces de doigts, de ratures... Un travail de cochon. Bon, ok, ça fait plus authentique.
Autre anecdote, mais qui illustre à mon sens l'incompétence de beaucoup d'indonésiens: J'ai fait faire d'autres cartes, pour Noël. J'ai fait un modèle que j'ai imprimé au foyer. J'ai simplement demandé à une entreprise de photocopies (dont le métier, à priori est de faire des photocopies correctes) de photocopier mon modèle en deux cent exemplaires sur un beau papier, puis de couper celui-ci à la bonne dimension. J'ai bien tout expliqué à la petite dame qui faisait les photocopies, et on en a même fait une ensemble pour que je soit certain qu'elle ait compris. (Pourtant c'était hyper simple; un enfant de 10 ans y arriverait sans problème). La photocopie faite ensemble étant bonne je lui ai dit d'en faire 199 autres pour le lendemain matin. Mais elle n'a pas réussi...: le lendemain, c'était de travers, pas centré, mal découpé... J'ai un peu râlé, mais la pauvre ne comprenait pas ce qu'elle avait fait de mal. Pour elle, l'essentiel y était. J'ai pas insisté, mais c'est agaçant qu'elle se contente de médiocre. Je crois qu'elle est bien à l'image de son pays et de sa culture: en matière de travail, le médiocre suffit.
De même, toujours pour ces mêmes cartes, j'ai fait imprimer des photos. Elles sont d'un format un peu particulier, donc j'ai bien précisé la taille que je voulait et j'ai en même imprimé une de mon ordinateur pour que le photographe ait un exemple. Là non plus il n'a pas été capable de le faire au bon format; elles sont trop petites... Bon, comme c'était pas cher, j'ai pas trop râlé; mais c'est agaçant: tout est comme ça!

lundi 17 novembre 2008

Enseigner l'anglais aux Indonésiens

Je donne des cours aux enfants du foyer. Trois heures d'anglais par semaine. Deux heures pour les collégiens, par groupe de 3 à 10 selon leur motivation, et une heure pour les lycéens, qui sont sept. Dire qu'ils sont nuls en anglais est flatteur: si au bac ils ont le niveau que j'avais en 5° (et qui pourtant était bien modeste), c'est assez honorable...
En fait, ce qui est difficile, c'est qu'avant de leur apprendre la langue, il faut leur enseigner des concepts qui semblent évidents à un Français, mais qui leur sont totalement étrangers.
Par exemple le verbe "être". Pour nous, c'est assez facile d'expliquer le concept du verbe "to be" dans ses utilisations ordinaires. En indonésien, ce verbe n'existe pas. Comment faire alors pour le leur enseigner? Je bute un peu... Si ça peu éventuellement les choquer d'oublier le sujet dans une phrase (encore que...), ne pas mettre le verbe être ne les embête pas le moins du monde. Le mettre est un peu pour eux une fantaisie littéraire très accessoire...
Pareil pour le temps: pour indiquer le passé, le présent ou le futur, ils mettent des indications (hier, en ce moment, la semaine prochaine...), et le verbe à l'infinitif. Mais en anglais, c'est pas pareil. Si vous avez des conseils en pédagogie je suis preneur!!

dimanche 16 novembre 2008

Ce que j'ai compris de l'islam - quatrième partie: les "piliers".

Ils sont :
  • La Shahada.
J'en ai déjà parlé, donc ne revient pas dessus. Notons tout de même que dans la profession de foi on proclame « je témoigne », ce qui fait de l'islam une religion missionnaire.

  • La prière (Salat).
C'est une prière rituelle réglée de façon très stricte: mêmes heures, cinq fois par jour, mêmes gestes, mêmes paroles, même direction. Elle doit donc créer un sentiment de communauté fort. On note que les prières musulmanes sont essentiellement de louange et d'adoration. Tout venant de Dieu, et l'Homme Lui étant totalement dépendant, cela ne sert donc généralement à rien de Lui faire des demandes.
  • L'aumône (Zakat).
Est obligatoire. Son montant, proportionnel aux revenus, est fixé par chaque pays. De l'ordre de 2%.

  • Le jeûne (Siyam), ou Ramadan.
Le musulman entant « jeûne » dans son sens le plus stricte: RIEN ne doit rentrer dans le corps, pas même de la salive ou une transfusion sanguine (mais quand on est malade on est dispensé de jeûne, ouf!).

  • Le pèlerinage à la Mecque (Hajj).
Pour faire l'expérience de l'universalité de l'islam.

On peut aussi ajouter le Jihad (grand: lutte personnelle, et petit: guerre sainte déclarée par la commuanuté), mais ça ferait six piliers...

Ce que j'ai compris de l'islam - troisième partie: le rite

Plus qu'ailleurs, en Islam le rite forme la communauté. A titre de comparaison, et en simplifiant, on pourrait dire que les catholiques sont plus attachés au dogme et les musulmans au rite. Ainsi, pour les catholique, l'essentiel est de croire au Credo, la forme de prière et le mode de vie qui en découlent devenant seconds. Personne n'est par exemple obligé de prier selon la liturgie des heures, ni à certains moments de la journée, ni dans une direction précise. En revanche, si on ne croit pas au Credo, on est pas chrétien. En Islam, c'est l'inverse: l'important est de faire la prière selon les règles: horaires à la minute près (c'est pour ça qu'il y a toujours beaucoup d'horloges dans les mosquées), direction et geste très précis, parole non improvisée... Alors, bien sûr il est nécessaire de croire aussi aux dogmes musulmans pour l'être, mais cela ne vient qu'en second plan. En fait, les musulmans ne se posent pas beaucoup de questions: Tant qu'ils respectent bien les rites, c'est bon.

Un autre comparaison – très caricaturale je l'admets- permet de comprendre la différence: le prêtre catholique (qu'en Indonésien on peut, par abus de langage, appeler « Imam katolik ») est, entre autre celui qui a la charge d'expliquer à ses frères les sens des écritures, des dogmes... pour les faire avancer dans la foi. L'imam, lui, est en principe choisi parmi les hommes qui connaissent bien les gestes et les paroles de la prière: son rôle premier est de montrer les bons gestes pour respecter le rite [« Pour être conforme aux commandements du prophète »]. C'est pour cela qu'il est devant: pour que tout le monde le voit dans la mosquée et puisse imiter ses gestes et ses paroles.

Ce que j'ai compris de l'islam – deuxième partie: en quoi croient les musulmans?

Le premier des fameux « cinq piliers » de l'islam est la Shahada, c'est à dire la profession de foi nécessaire pour devenir musulman: « Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre Dieu que Allah et que Mohammed est son prophète ». Dire cela devant un imam suffit à devenir musulman. Elle est répétée lors de tous les appels à la prière. C'est la première phrase – en théorie – que tout nouveau né entend à sa naissance.

Une des traditions, provenant de Omar (2nd successeur du prophète) donne aussi l'explication suivante:
« Nous étions assis près du messager d'Allah (que l'honneur et la paix soit avec lui) quand soudain un homme apparut. Ses vêtements étaient d'un blanc intense et ses cheveux très noirs. Il s'assit près du prophète et dit alors: ''Oh Mohammed! Explique moi le sens du mot Islam.'' Le prophète répondit: ''Islam consiste en ceci:

  • Témoigner qu'il n'y a pas d'autre Dieu que Allah et que Mohammed est son prophète.

  • Faire la prière

  • Faire l'aumône

  • Pratiquer le jeûne

  • Faire le pèlerinage dans la mesure du possible.''

[L'ange Gabriel] demanda encore: ''Explique moi le sens du mot Iman [la foi].'' Le prophète répondit: ''Iman [qui a la même racine hébraïque que Amen: « roc »] consiste en ceci:

  • Croire en Dieu qui est strictement unique. [Refus farouche de la Trinité (que beaucoup de musulmans croient être Dieu, Jésus, Marie). Coran: ''Dieu est unique, Dieu est le même. Il ne peut pas engendrer ni être engendré''.]

  • Croire aux anges. [ Il y en a des bons et des mauvais. Gabriel a une place spéciale parce que c'est lui qui a révélé la Coran à Mohammed.]

  • Croire aux Livres [au pluriel: il y en a quatre: La Torah, le Zabur (les Psaumes), L'Ingil (L'Evangile*), le Coran qui reprend toutes les écritures et devient l'écriture parfaite. Il est le eul miracle de l'islam. C'est un livre incréé et récité mot à mot par l'Ange Gabriel à Mohammed.]

  • Croire aux messagers. [Noah (Noé), Ibrahim (Abraham), Musa (Moise), Jésus, Mohammed]

  • Croire au Dernier Jour. [On sera jugé à partir des intentions, et on ira en enfer ou au Paradis. Il y a donc résurrection.]

  • Croire en la Prédestination pour le bien et pour le mal.[Avant, la place de la liberté de l'Homme était grande. Maintenant c'est l'idée de la toute puissance de Dieu qui prend le dessus]''


* Évangile est au singulier, parce que les musulmans pensent que les Chrétiens ont falsifié les écritures et que les quatre Évangiles canoniques sont des faux. En revanche beaucoup d'entre eux croient à « l'évangile de Barnabé ». Cet évangile est le seul qui nomme Mahommet. Il décrit la vie de Jésus de façon acceptable par l'islam (c'est à dire que Jésus n' a pas été crucifié – comment Dieu accepterait-il qu'un prophète le soit? - mais qu'un sosie s'est substitué à lui.) Ils croient donc que c'est Barnabé, le disciple de Jésus, qui en est l'auteur. En fait, les études historiques montrent que c'est un document datant du 16° siècle (après JC, bien sûr), rédigé par un ex-moine espagnol, converti à l'islam et qui avait gardé rancune de sa foi précédente... Il a donc rédigé un document compatible sur l'essentiel avec la doctrine musulmane, mais très critique du christianisme. C'est ça qui me donne le plus de mal: comment croire à des choses dont il a été DEMONTRE qu'elles sont fausses et rester quelqu'un de raison...?

vendredi 14 novembre 2008

Ce que j'ai compris de l'islam - première partie.

Depuis le début de la mission, je commence à avoir lu pas mal de bouquins sur l'islam. C'est une religion qui m'était assez inconnue – quelques préjugés débiles mis à part; je n'en avais comme connaissance qu'une lecture du Coran, une petite formation aux MEP et le JT de TF1 – et que je découvre tous les jours dans son organisation quotidienne.
Première impression de lecture: il est difficile de trouver des livres qui disent à la fois des choses belles et intelligentes de l'islam. J'en ai trouvé pas mal qui disent des choses intelligentes mais assez sombres, quelques uns qui disent des choses belles, mais que je trouve niaises et qui me semblent bien naïves... Rares sont ceux, donc, qui disent des choses belles et intelligentes. Est-ce parce qu'il est difficile de trouver des choses belles dans l'islam????

Premier élément, qui peut surprendre: l'islam est une religion asiatique. 60% des musulmans vivent en Asie, et plus de 80% ne sont pas Arabes... Les cinq premiers pays musulmans dans le monde sont: l'Indonésie (250 millions de musulmans), le Pakistan (150 millions), la Chine (150 millions) et le Bangladesh (150 millions). Ce sont bien des pays asiatiques! Viennent ensuite l'Inde et l'Iran et la Turquie qui ne sont pas non plus Arabes.

Deuxième point, l'islam est divisé en courants. Ces divisions sont avant tout politiques: les musulmans se retrouvent sur l'essentiel de la doctrine et sur une bonne part des pratiques religieuses. Les deux principaux courants sont le sunnisme (80% des musulmans) et le chiisme (15%). Des petites communautés comme les ismaéliens, les druzes ou les kharidjites existent aussi.

jeudi 13 novembre 2008

Ces derniers jours

Oui, ces derniers jours je suis resté muet. Non pas qu'on l'on m'ait coupé la langue - enfin, pour un blog, disons plutôt les deux mains - mais j'ai été très occupé, en même temps qu'un peu fatigué. Comme je l'avais écrit dans un message précédent, on a traversé un grosse période de grippe. Aller deux fois par jour au dispensaire pour faire soigner les malades, - et même faire des allers-retours à l'hôpital pour Stepen - à la pharmacie, donner les médicaments (sans oublier personne, et sans rien mélanger, pas facile!!!), faire les lettres d'excuse pour dispenser les malades d'école, faire la chasse à ceux qui en profitent pour fuguer, démasquer les faux malades (sans pour autant oublier les vrais), acheter des fruits pour qu'ils aient un peu plus de vitamines, ... C'est prenant. Ajoutons à cela que le directeur du foyer n'était pas très actif puisque se remettant d'une douloureuse crise de Chicungunya, que les enfants commencent à être fatigués, puisque cela fait depuis septembre qu'ils n'ont pas eu de vacances, ça fait pas mal.
Mais aujourd'hui, ça commence à aller mieux: Hiro reprend son rôle, les malades guérissent, et les fugueurs reviennent. Restent quelques mythomanes qui ne sont pas malades et qui peuvent encore rêver pour que je les dispense d'école. Non mais!

Je suis un boulet!

Et toi aussi, lecteur, probablement. Enfin, plutôt que boulet, écrivons plutôt "bule". Mais on prononce "boulet", comme un gros boulet. En Indonésien, ce terme gentillement ironique désigne les blancs occidentaux (qui sont pour les indonésiens, Australiens, Américains ou éventuellement Hollandais). Littéralement, cela veut dire albinos. Au début cela peut surprendre quand, au cours de ses promenades, on se fait apostropher tous les dix mètres: "Hé! Boulet, boulet!". Mais rien d'agressif là dedans, c'est leur façon de dire bonjour. Par contre, ce qui me met plus mal à l'aise c'est le sentiment d'envie qu'ils semblent laisser transparaître face à un blanc: Pour eux, un blanc est FORCEMENT beau, riche, et heureux (parce que beau et riche). Il possède une grosse maison, un beau 4*4 et regarde le monde de haut. (Normal du haut d'un 4*4, me direz-vous). Ça donne l'impression d'une forme de racisme à l'envers, un complexe d'infériorité qui me dérange parce que cela fausse les relations...

mercredi 5 novembre 2008

Changement de saison

En ce moment, tout le monde est malade. Hiro, le directeur du foyer a été hospitalisé une semaine (il m'a dit avoir le Chicungunya), trois enfants sont rentrés chez eux, et, depuis dix jours, je vais presque tous les matins au dispensaire pour un malade, alors que sur les trois premiers mois je n'y suis allé qu'une seule fois pour une rage de dents... Tous les enfants semblent avoir la même chose: forte fièvre (~40°), chauds-froids, grande fatigue, maux de tête, toux. Un genre de grippe. Il parait que c'est comme ça dans toute l'Indonésie. C'est deux fois par an, quand on change de saison. Ici, on passe de la saison chaude (mais qui est très humide), à la saison humide (qui reste tout de même chaude). Moi je ne vois pas de changement. Peut-être un peu plus frais la nuit? Et encore... Mais les indonésiens, ça semble les abattre complètement! Et moi ça me donne du travail en plus: aller au dispensaire, dévaliser les pharmacies en sirop, aspirine..., donner les médicaments, prendre les températures (parce que il y a aussi des tricheurs qui espèrent ainsi ne pas aller à l'école), prêter mes deux pulls à ceux qui ont froid alors que moi j'ai toujours aussi chaud.
Mais ne vous inquiétez pas; moi, ça va, je vais bien!

Les comptes - octobre

Comme chaque fin de mois maintenant, je viens de clôturer les comptes du foyer pour octobre. Les voici dans les grandes lignes:
Recettes: 13 720 000 Roupies
Charges: 14 091 000 Roupies
Résultat: - 371 000 Roupies

Répartition des dépenses par poste:
Nourriture: 7 546 000 Rp
Salaires: 4 000 000 Rp
Fluides (électricité, gaz, fuel, téléphone): 1 281 000 Rp
Autre: 1 264 000 Rp

On notera dans les recettes 500 000 Rp d'un donateur, et dans les dépenses environ 300 000 Rp de médecin, dispensaire et médicaments. On est dans la saison des malades...
Les frais du foyer payés par les familles ne couvrent donc pas la totalité des dépenses courantes. Et elles ne couvrent aucune des dépenses d'entretien du foyer... C'est le père Henri qui passe à la caisse chaque mois (pour plusieurs millions tout de même...). Un vrai défi: comment faire quand il ne sera plus là?

jeudi 30 octobre 2008

Photo officielle 2008-2009

Voici la photo officielle 2008-2009 du foyer, prise ce matin, à la sortie de la messe, devant le foyer. On est beau, hein? (Cliquer sur la photo pour l'agrandir) Et là, c'était pour s'amuser...

Le martifouette

Parfois Très souvent les enfants n'obéissent pas, surtout quand il s'agit de se lever le matin, de faire ses devoirs ou de se coucher le soir... On gaspille un temps fou à essayer de les secouer. Mais heureusement, j'ai trouvé la solution à cette situation:

Le martifouette

Le seul problème c'est que ce produit n'est pas exporté. lol.

lundi 27 octobre 2008

Nouvelle sortie à Tricora.

Hier, on est retourné à la belle plage de Tricora. Je vous passe les photos de la plage, qui sont du même genre que celles de la dernière fois. Voici plutôt le pique-nique. Bon appétit.

Nico et Dius

















Elen et Stepen


















Dismas et Stepanus

vendredi 24 octobre 2008

Indonésie: des terroristes projetaient de faire sauter un dépôt pétrolier à Jakarta

JAKARTA (AFP) — Une cellule de terroristes islamistes présumés, interpellés mardi à Jakarta et ses environs, projetait de faire sauter le principal dépôt pétrolier de la capitale indonésienne, a annoncé mercredi la police indonésienne.

"Leur cible était le dépôt de Pertamina (la société nationale d'hydrocarbures) à Plumpang dans le nord de Jakarta. La situation aurait été très dangereuse si la police n'avait pas réussi à découvrir les explosifs", a déclaré un porte-parole de la police, Sulistyo Ishak.

Il a précisé que cinq suspects avaient été interpellés mardi à Jakarta et la ville voisine de Bogor et que des armes et des explosifs avaient été saisis.

Selon les premières informations policières, ces hommes sont suspectés d'"avoir été les étudiants" d'Azahari Husin, un expert en explosifs malaisien tué le 10 novembre 2005 lors d'un raid policier sur l'île de Java.

Azahari Husin était lié à la Jemaah Islamiyah (JI), premier réseau islamiste d'Asie du Sud-Est, et était considéré comme un proche de l'homme le plus recherché d'Indonésie, Noordin Mohammed Top, soupçonné d'avoir organisé les attentats ayant fait 202 morts à Bali en octobre 2002. Ce dernier, dont la tête est mise à prix à un milliard de roupies (environ 100.000 dollars), se cacherait en Indonésie, selon la police.

M. Ishak a fait état de preuves, établies par la police anti-terroriste, que plusieurs groupuscules terroristes islamistes en Indonésie avaient "décidé de se rapprocher".

Il s'agit notamment des branches indonésienne et singapourienne de la JI, et des mouvements indonésiens se faisant appelés Jundulah, Kompak ou Fakta, selon le porte-parole.

Des suspects ont été interpellés dans un quartier pauvre du nord de Jakarta, où les policiers ont découvert des armes et des explosifs en perquisitionnant une maison louée par un homme ayant été en contact avec une branche militante de la JI.

Depuis 2006, aucun attentat majeur n'a frappé l'Indonésie, où la JI, qui veut imposer par la force un califat sur une partie de l'Asie du Sud-Est, a subi des coups sévères avec l'arrestation de centaines d'activistes.

La tension pourrait cependant monter avec l'exécution, attendue prochainement, des trois militants islamistes condamnés à mort en 2003 pour avoir participé aux attentats de Bali.

Une espèce de cacatoès menacée d'extinction "redécouverte" en Indonésie

JAKARTA (AFP) — Une espèce de cacatoès que certains scientifiques craignaient disparue a été "redécouverte" sur une île reculée de l'Indonésie, ont annoncé jeudi des chercheurs.

Dix cacatoès à huppe jaune d'Abott (quatre couples et deux jeunes) ont été récemment aperçus dans l'archipel de Masalembu, au large de l'île de Java, a indiqué Dudi Nandika, de l'organisme de Conservation Indonésienne des cacatoès.

Cet oiseau, reconnaissable à sa longue huppe, fait partie des cinq espèces de cacatoès "en très grave danger d'extinction" de la Convention pour le commerce international des espèces en danger.

La population locale de cacatoès d'Abott a été mise en danger par le trafic d'animaux capturés, par la chasse et par la réduction de son habitat, a expliqué M. Nandika.

Les cacatoès, qui font partie de la même famille que les perroquets, peuvent encore vivre à l'état sauvage en Indonésie, en Papouasie Nouvelle-Guinée et en Australie.

Mon chez moi

Voici quelques photos & vidéos de ce qui fait mon "chez moi".

Ma chambre.

Assez spacieuse elle est riche d'une bibliothèque francophone de bonne qualité. Quelques autres livres en anglais et en indonésien. Alimentée par les apport des volontaires successifs et les dons (ou prêts sans retour) du père Henri. J'ai aussi un grand bureau, un lit sous moustiquaire, une armoire à vêtements toute pétée.

Mon bureau.


Il sert de:
- Bureau des pleurs
- Bureau des réclamations
- Infirmerie
- Salle de cinéma
- Warnet
- Banque
- Service contentieux (qui travaille en étroite collaboration avec le bureau des réclamations)
- Bibliothèque
- Chambre d'amis
- Wartel
- Bureau de change
- Service des contraventions (qui travaille en lien étroit avec le bureau des réclamations, le bureau des pleurs, et le service contentieux)
- Salon
- Salle des profs
- Service comptabilité
- ...


Ma salle de bain.
Fraichement repeinte, elle est maintenant confortable. Notez la magnifique casserole en plastique rose qui sert à puiser l'eau (de pluie) dans le bac de droite pour s'asperger. Selon les jours, l'eau peut passer d'une limpide clarté à un sombre marron. Vous noterez l'absence de PQ sur la photo. Les indonésiens s'en dispensent et utilisent à la place la casserole en plastique pour se rincer ce qui est nécessaire. Mais mon inculturation en la matière est limitée. J'utilise un trop occidental papier.














Mon balcon.
Fort agréable il sert de salon avec un très confortable hamac. Il est utilisé aussi comme cuisine d'appoint. C'est un endroit de tranquillité puisque les jeunes n'y ont pas accès. Au premier plan, "l'évier".



















Voilà pour mes appartements personnels. Plus tard je vous montrerai le reste du foyer. Ça vaut le coup!

vendredi 17 octobre 2008

C'est l'insecte le plus long du monde

lefigaro.fr (avec AP)
L'insecte s'appelle «phobaeticus chani», «super-canne de Chan», en l'honneur de son découvreur. (AP)
L'insecte s'appelle «phobaeticus chani», «super-canne de Chan», en l'honneur de son découvreur. (AP)

Ce phasme, découvert par un villageois sur l'île indonésienne de Bornéo, fait presque la taille d'un bras humain.

Il a presque la taille d'un bras humain, c'est un phasme de l'île indonésienne de Bornéo, et probablement le plus long insecte du monde vivant à ce jour, à en croire des scientifiques britanniques.

Le spécimen a été découvert par un villageois et confié à un entomologue amateur local malaisien, Datuk Chan Chew Lun, en 1989, a indiqué Philip Bragg, qui a formellement identifié l'insecte et publié sa découverte dans la revue «Zootaxa». L'insecte s'appelle «phobaeticus chani», «super-canne de Chan», en l'honneur de son découvreur.

Cet insecte est exposé au Muséum d'histoire naturelle de Londres depuis jeudi.

Ressemblant davantage à une pousse de bambou que ses cousins plus petits, l'insecte d'un vert terne mesure 56,7 cm, avec des pattes en forme de brindilles. La longueur du corps seul, 35,7 cm, bat le record précédent, détenu par un autre phasme de Bornéo, le «phobaeticus kirbyi» de près de 3 cm.

Ces insectes possèdent un des systèmes de camouflage les plus ingénieux du genre animal, ils se font passer pour des branches ou des feuilles et évitent ainsi d'attirer l'attention.

lundi 13 octobre 2008

Piscine

Pour féliciter ceux qui ont réussi leur demi-trimestre, on les a invités hier à passer quelques heures à la piscine. La piscine, c'est pas vraiment comme en France. Certes, le concept reste le même: un vaste bac bleu avec de l'eau dedans, et des gens qui rentrent dans l'eau pour jouer et se rafraîchir. Mais le reste est assez différent. La plupart des gens se baignent tout habillés, avec short et marcel. Restent quelques femmes voilées sur le bord, regardant d'un œil (envieux?) leur famille s'amuser, et somnolant de l'autre. Ensuite, la majorité des indonésiens ne savent pas nager. Il restent donc sur le bord, ce qui est bien, puisqu'il reste beaucoup de place pour nager, quand on sait. On peut crâner en nageant la brasse.

Remise des bulletins.

Samedi avait lieu la remise des bulletins de demi-trimestre. La remise ne se fait pas comme en France. C'est une journée complète durant laquelle les cours sont tous annulés. Les enfants doivent venir avec leurs parents, ou un représentant de ceux-ci - en l'occurrence moi - , et, si le paiement de l'école est à jour, le professeur principal remet le bulletin et le commente au parent et à l'élève assis en face de lui. L'inconvénient c'est qu'on fait pas mal la queue avant de passer (surtout, quand, comme moi, on a sept enfants au lycée à aller checker). Mais ça me semble assez pédagogique d'avoir ensemble le prof, le parent et l'élève. Ça évite pas mal de pipo et de malentendus. Et puis, c'est assez formel, ça donne un peu d'importance à la chose.
Avec les bulletins, il y avait bien entendu les notes. Première fois que j'ai pu voire précisément le niveau des élèves. Et là, surprise, j'ai pu vérifier à grande échelle (48 cobayes, tout de même) une loi de la nature apprise grâce à papa mais que je n'ai jamais voulu croire: il y a une corrélation entre la quantité et la qualité du travail individuel (concentration, application, persévérance...) d'une part, et d'autre part le niveau des notes!! Si, ce n'est pas un mythe! Prenez-en note, jeunes lecteurs.* Le niveau des jeunes du foyer est très hétérogène. Si certains s'en sortent très honorablement, un gros groupe a des résultats assez inquiétants. Comment leur faire comprendre qu'il faut qu'ils travaillent un minimum pour réussir?

Un gros point d'interrogation aussi: tous, même ceux qui ont globalement des bons résultats, sont nuls en anglais. Qu'ils soient nuls en tout, soit, mais en anglais, je ne comprend pas: ils ont la chance d'avoir chez eux deux des très rares occidentaux de la province, qui leurs donnent des cours d'anglais supplémentaires; bref, ils vivent dans un milieu ou l'anglais est tout de même bien plus présent qu'ailleurs (ce qui n'est vraiment pas très difficile), et ils sont nuls. Dommage.



*Je vois déjà des parents imprimer ce message et le lire à haute voix lors du dîner familial, qui, pourtant si bien entamé, va finir dans les larmes et les claquements de porte. ;-)

Visite (pastorale) du Père Georges.

Le père Georges Colomb est vicaire général des MEP. Lors de sa tournée de pays d'Asie (cinq en trois semaines), et entre deux visites à Hong-Kong et en Corée, il est venu passer 24 heures au foyer pour rendre visite à Laurent et moi-même. Une immersion totale: il a voulu dormir chez nous et non au presbytère, pourtant bien plus confortable, manger à notre table, participer à nos prières. C'est sympa!

Une bonne façon pour lui de voire comment nous vivons, nous nous débrouillions avec notre mission, et une bonne occasion pour apporter des chocolats!

jeudi 9 octobre 2008

Déjà trois mois

Il y a deux mois je publiai un message dans lequel je montrai ma surprise quant à la vitesse du temps écoulé; le premier mois avait duré comme trois jours. Et ce premier mois, c'était hier!

Afin de m'aider à tirer le maximum de l'expérience vécue, les MEP me demandent de leur envoyer régulièrement un rapport sur le déroulement de ma mission. Celui-ci est susceptible d'être publié et est donc plutôt sous la forme d'un article. Je viens de le rédiger, alors je vous en fait part:

Déjà trois mois que je suis arrivé en Indonésie pour mener à bien une mission confiée par les MEP: Faire la comptabilité d'un foyer pour garçons, et être éducateur et animateur auprès de ces derniers. Trois mois, c'est l'échéance proposée pour donner une première analyse de ce que l'on vit. Trois mois, c'est long, un quart de la mission – déjà!!! -, mais en même temps c'est très court; j'ai l'impression d'être parti hier. Probablement, la rentrée scolaire en France va-t-elle me faire un peu prendre conscience de la distance qui s'est créée.

Mais en trois mois, j'ai déjà eu le temps de vivre beaucoup de belles expériences: formation linguistique à Jogja, mariage javanais, retraite MEP, rentrée scolaire au foyer, visite d'un bidon-ville, nombreuses et belles rencontres, premières amitiés nouées, découverte d'un pays et d'une culture qui m'étaient totalement étrangers.


Au bout de trois mois, j'ai pris conscience que la mission que l'on m'a confiée n'est pas aisée.

La barrière de la langue, d'abord.

Si la formation de trois semaines me donne un bagage suffisant pour me débrouiller dans les conversations courantes, cela ne va pas beaucoup plus loin. C'est assez frustrant de sentir la possibilité d'un bel échange s'envoler à cause d'un vocabulaire inconnu. Mais c'est motivant, aussi, pour travailler. Arriverais-je à quelque chose de consistant avant de rentrer en France?

La distance culturelle, ensuite.

Si j'ai déjà voyagé et suis un peu conscient que la planète entière ne mange pas de Camembert tous les jours (les pauvres!), je commence à réaliser concrètement que des différences culturelles que l'on estime modestes quand l'on reste quelques semaines dans un pays peuvent devenir nettement plus pénibles sur une longue période: moiteur du climat, beuglement des muezzins dès 4h15 le matin, nourriture, confort... chacun de ces éléments de la vie quotidienne devient un effort. Mais si c'est inconfortable, c'est aussi bon, car cela permet de décentrer le regard de son nombril pour prendre du recul et savoir finalement ce qui reste d'essentiel.

La mission enfin.

C'est peut être le plus difficile. Non pas que le foyer dont je m'occupe soit fréquenté par des voyous et de futurs mafieux. Au contraire, et contrairement au tableau que l'on m'a fait, je trouve les 48 jeunes pensionnaires plutôt attachants. Enfin, pour le moment. Mais ce qui est difficile, c'est que ma mission est de les élever droitement et chrétiennement. Et ça, ça me semble être une mission impossible. Je peux peut-être tenter de leur faire prendre un peu conscience que Dieu les aime, et que l'aimer en retour rend profondément heureux. Je peux aussi leur dire que c'est important de travailler à l'école, que c'est mal de voler ou de mentir... Mais en un an, je ne pourrai probablement pas aller beaucoup plus loin...


Mais une mission facile, ce ne serai plus une mission, ce serait des vacances. Les difficultés rencontrées – qu'il faut aussi relativiser; il y a des coins bien plus difficiles - sont un bon moyen de me secouer, de voire de quoi je suis capable et de mieux me connaître. Et ça, c'est très positif!

Par ailleurs, les joies de cette mission sont nombreuses. Elles aident très largement à surmonter les difficultés, et même bien plus encore.

Joie des enfants tout d'abord.

Celles de leurs rires, de leurs cris, de leurs jeux, des blagues. Et s'ils ne sont pas parfait, je trouve ces jeunes, globalement, plutôt plus responsables et autonomes que ceux du même âge en France. Ils ont bien meilleur esprit, obéissent plus facilement, et, s'ils ne travaillent pas toujours beaucoup, ils sont tout de même plutôt moins paresseux que les collégiens français (bon, c'est vrai, c'est pas très difficile).

Joies des rencontres.

C'est touchant de rencontrer des gens qui se donnent réellement du mal pour bien recevoir, et c'est beau de voire qu'ils sont touchés par nos gestes de d'amitié. De belles rencontres, souvent très simples mais profondes avec des personnes que rien ne m'aurait permis de rencontrer en dehors de cette mission. L'autre fois, je suis allé dans un bidonville dans lequel vivent essentiellement des chrétiens. J'ai été touché que ces gens, qui n'ont pourtant rien, me reçoivent, moi, le blanc, l'occidental, le riche, comme un frère, c'est-à-dire d'une façon simple mais très digne, sans complexe, mais avec un réel amour. Ça se sentait: ils voyaient d'abord en moi un frère, plutôt qu'un riche blanc. Grâce à eux, en quelques minutes de conversation, mon regard à changé: je ne les ai plus vu d'abord comme des pauvres pour lesquels il faut avoir pitié (ce qu'il faut pourtant aussi probablement), mais comme des frères à aimer. C'est bouleversant de réussir à convertir son regard.

Joie du Christ et de l'Église.

Soyons honnête, ce n'est pas en Indonésie que je serai touché par le témoignage d'une Église martyre, ou par l'exemple de chrétiens édifiants. Mais tout de même, des rencontres avec tel séminariste à Jogja, telle religieuse de Batam ou cette belle semaine de retraite dans le cadre enchanteur d'un monastère de Trappistines sont des expériences qui restent dans un coin du coeur comme un sourire du Seigneur.

Joies de l'Indonésie.

L'Indonésie est un pays magnifique, et les indonésiens des gens charmants. Certes, c'est un des pays les plus corrompus du monde et -d'après le Père Henri – ce sont des gros hypocrites et des menteurs. Néanmoins, ils sont attachants par leur simplicité, leurs sourires, leurs archaïsmes.

Joie de rencontrer d'autres volontaires et des missionnaires.

C'est une joie à laquelle je ne m'attendais pas, ou, en tout cas, pas tant que cela. Les volontaires sont vraiment des gens bien. (Hein, j'ai raison, non?) C'est vivifiant de les rencontrer, de les écouter parler de leurs missions, de leurs joies et de leur difficultés. On y descelle souvent dans leur vie une petite trace de l'Amour de Dieu, c'est beau!

Et que dire des missionnaires si ce n'est qu'ils sont vraiment vecteurs de la bonne nouvelle?



Cédric de la Serre, volontaire MEP à Tanjung Pinang (Indonésie)

Blog: chroniqueindonesienne.blogspot.com

lundi 6 octobre 2008

Nouvelle rubrique

Je viens de mettre en ligne l'album de photos de mes vacances à Krui, dans la colonne de droite, en bas. Bon voyage.

Bonne crise!!

De (très) loin, il semble que ce soit la crise en France. Alors, bonne crise à tous!

dimanche 5 octobre 2008

Les comptes

Je viens à l'instant de cloturer les comptes du mois de septembre. Je vous les présentent en Roupies indonésiennes ( 1€ ~ 14 000 Rp).
Ces comptes ne représentent que les recettes et dépenses courantes. Tout ce qui n'est pas parfaitement courant n'est pas financé de façon pérenne...
On a donc:
Recettes: 12 590 000 Rp,
Dépenses à 13 109 150 Rp,
Ce qui fait un résultat de -519 150 Rp.
Plus précisément, les recettes sont presque exclusivement couvertes par les frais mensuels que versent les enfants (entre 180 000 et 350 000 Rp selon les cas, ce qui n'est pas négligeable). S'ajoutent quelques dons en nature, en particulier des nouilles, par des paroissiennes.
Les dépenses se divisent de la façon suivante:
- Nourriture: 3 850 000 Rp (29%)
- Fluides (gaz, électricité...): 3 880 000 Rp (30%)
- Salaires: 4 000 000 Rp (31%)
- Abonnements: 744 150 Rp (6%)
- Divers: 635 000 Rp (5%)

Les 4 millions de Rp de salaires représentent deux salaires et demi. Ça fait pas grand chose par personne. Les indemnités des volontaires sont versées directement par les mep et n'entrent donc pas dans le budget du foyer.
Le déficit s'explique par plusieurs facteurs:
- Le rétablissement du fruit hebdomadaire
- La hausse sensible du prix du gaz
- L'interdiction faite aux enfants de posséder un portable, et l'utilisation en contrepartie du téléphone du foyer.

samedi 4 octobre 2008

Encore les vacances...

Je suis rentré hier de vacances, mais le foyer est encore assez vide: le gros des enfants rentrent Dimanche après-midi. En fait, seuls sont restés ceux qui habitent trop loin (à 25h de bateau, par exemple), et n'ont pas les moyens de se payer un billet de retour. Ils ne sont donc que trois. Ce petit effectif permet de faire des choses plus sympa: de la bouffe française, par exemple. Donc ce midi, on a fait des crêpes. Presque un plat de luxe: le lait et la farine, importés d'Australie, coutent plus cher qu'en France. Un franc succès. Les deux plus âgés connaissaient déjà, mais pour Ellen, ce fut une grande découverte. Et ce soir, je leur ai donné du jambon et du nougat et de la vache qui rit que l'on m'avait donné à Singapour. Quand je leur ai donné la traduction littérale en indonésien de "vache qui rit", ça les a bien fait rire...
Sur la photo, vous voyez Hendrikus qui se débrouille comme un chef.

vendredi 3 octobre 2008

Magnifique Indonésie

Je rentre à l'instant de quelques jours de vacances au Lampung avec quelques amis volontaires. Je suis parti Samedi aux aurores de Bintan avec le vol pour Jakarta, puis correspondance pour Tanjung Karang.
Je ne vais pas refaire tout l'emploi du temps de ces derniers jours. Sachez juste que le but du voyage était de s'en mettre plein la vue de belles plages et paysages grandioses. Pour ça, on a loué des motos et on a pas mal roulé sur les routes côtières à partir de notre port d'attache, la ville de Krui. (Si, c'est sur les cartes!).
Notre hôtel. Très sympa Losmen au prix exorbitant de 3,5€/nuit par personne. Seul inconvénient, il était loin de la mer, au moins trente metres (et encore, à marée haute). La, c'est une vue depuis la chambre.




























Quelques vues de superbes paysages. C'est vraiment grandiose de traverser tout cela en moto. Un grand bol de beau. Sur la route me revenait sans cesse en tête le Cantique de la Création et quelques uns des premiers versets de la genèse. (Gn 1; 10...).




















































Une plage. Magnifique, avec ses cocotiers et son sable blanc. Deux défauts, tout de même, l'eau, glaciale, 25°, et la sur fréquentation: il y avait quelqu'un à 500 mètres de nous. Lol.






























Voilà. C'est bien; c'est beau. Mais l'inconvénient, c'est qu'on s'en lasse très vite. Lol. (Ça c'est un private joke pour Myo).