vendredi 21 novembre 2008

Ces derniers jours...

  • Jerry s'est fait virer.
Jerry c'était un emmerdeur. Il faut appeler les choses par leur nom. Le nouveau type de jeunes que le foyer accueille: les enfants de commerçants de Batam, qui ont de l'argent mais ni morale ni temps pour s'occuper d'eux (business is business). Le genre d'enfant totalement laissé à lui-même et qui pousse comme une mauvaise herbe. Jerry fume beaucoup, bois pas mal, sèche très souvent l'école et fugue du foyer dès qu'il peut. Il ne va que rarement en étude, et quand il y va c'est pour chahuter. Il ne veux jamais se lever le matin pour aller à la messe, ni se coucher le soir. C'est un provocateur et un insolent. Il influence beaucoup les autres, dans le mauvais sens bien entendu. (Moi c'est ça qui me gêne le plus). De la mauvaise graine, très mal partie dans la vie. Pourtant, avec Laurent, Hiro et le Père Henri on avait décidé de le garder. On lui avait dit qu'on lui laissait une dernière chance pour se calmer. C'est l'école (il est en 4°) qui en a décidé autrement. Viré. Et viré de l'école signifie qu'il ne peut pas rester au foyer. Il n'y aurait rien à faire...
Du coup, il va rentrer à Batam. Son père va venir le chercher demain. Lui (Jerry, mais son père aussi, d'ailleurs), il s'en fout. Franchement, je ne sais pas ce qu'il va devenir.

  • Ouverture du magasin.
C'est pas encore un hypermarché, mais presque. Avec Laurent, on met en place un petit magasin pour que les jeunes du foyer puissent acheter leurs produits de première nécessité facilement. Vous pouvez donc trouver dans un magasin ouvert de 6h15 à 22h30 7j/7 (sauf quand c'est fermé), du savon, du dentifrice, des brosses à dents, des chaussettes blanches pour l'école, des slips, des marcels (très à la mode!), de la lessive, des bonbons, des chocolats, des stylos, des crayons, des regles, du tip ex, de la colle, du gel pour les cheveux, du cirage, des cahiers, des sandales... C'est à prix coutant. Déjà 61 références.
Un autre petit avantage de ce magasin, c'est que l'on pourra un peu mieux contrôler les dépenses des jeunes: pour le moment ils nous demandent souvent de l'argent en nous disant que c'est pour acheter de la lessive ou du savon, mais à la place ils achètent des clopes. Là, ils devront trouver une autre excuse.
J'ai reçu des e-commandes. La maison n'exporte pas encore.
  • Ouverture (prochaine) d'une "salle de jeux informatique" (c'est un bien grand mot!).
Un des fléaux du foyer, c'est le Samedi soir: une bonne partie des jeunes fuguent pour aller jouer aux jeux vidéos en ville. Ils jouent jusqu'à pas d'heure, fument et parfois même plus. Et les jeux auxquels ils jouent mériteraient souvent un grand "V" et un grand "E" dans les critiques de FC. (Comprennent les initiés! lol.). En mettant quatre ordinateurs à leur disposition pour jouer dans mon bureau, on espère pouvoir les contrôler un peu. Certes, vu l'age des ordis, on ne pourra pas mettre des jeux extraordinaires (que l'on ne sait d'ailleurs toujours pas comment se procurer...), mais le fait que ce soit gratuit, on espère que la tentation de la fugue sera amoindrie. Enfin, pour le moment on espère surtout. On verra ce que ça donne...
  • Les étudiants
Ce derniers temps, j'ai été presque harcelé par des étudiants indonésiens qui cherchaient de gentils pigeons pour les interviewer. Ce sont des étudiants en tourisme, dans un cycle d'études supérieur, c'est à dire d'un niveau qui n'est normalement pas humiliant. Leur travail consistait à trouver des touristes et à leur poser des questions débiles: Vous venez d'où? Vous faites quoi ici? Où allez-vous? Aimez-vous Tanjung Pinang? ... Des questions toutes connes mais qu'ils étaient, pour la grande majorité, incapable de poser. C'est vraiment impressionnant de voir à quel point les indonésiens ne parlent pas anglais: même dans des études supérieures (et en plus orientées vers le tourisme), ils ne savent pas faire une phrase...
Ça a commencé par trois amis du cuisto du foyer. Puis, des groupes de tailles diverses (de 3 à 11 personnes), ont débarqué sans prévenir pour nous interviewer trois ou quatre fois par jour, Laurent et moi. Au début on trouvait ça marrant, mais au bout de 25 interviews chacun, on a commencé à les envoyer balader. Faut pas abuser. Et puis préparez votre travail avant d'arriver!
  • Dilemme
Depuis cette semaine, on a la télé par le câble. C'est le directeur du foyer qui a voulu ça. C'est sa réponse à lui au problème des fugues: ils vaut mieux qu'ils regardent du foot à la télé plutôt que de fuguer. Au début j'étais contre: il y avait déjà la télé (de très mauvaise qualité, certes), et même si elle n'est ouverte que du Samedi après-midi au Dimanche soir, je trouvait que les jeunes la regardait trop. C'est vrai que ses programmes ne sont pas immoraux; l'Islam contrôle bien, et toute scène méritant un petit"e" ou un petit "v" dans FC est coupée. (Là aussi, comprennent ceux qui peuvent!). Même dans Astérix et Obélix mission Cléopâtre. Mais les feuilletons qui passent sont vraiment, mais alors vraiment très bas de gamme. En comparaison, Plus belle la vie, c'est du cinéma d'art et d'essai, et TF1, un chaine culturelle élitiste. C'est avilissant comme pas deux...
En plus, le câble nous coute 60 000 Rp par mois. C'est pas énorme, mais c'est trop quand on a déjà plus de sous.
Donc, voilà, j'étais contre l'idée d'élargir les capacités télévisuelles. Mais face aux fugues, n'est-ce pas mieux qu'ils restent tranquillement au foyer? Je ne sais pas. Pour moi, ça reste un dilemme. En tout cas, ça montre un défi: proposer des activités qui leur plaisent plus que fuguer ou regarder la télé. Pas facile...

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