Autre trait frappant des habitants de Mangkait, ils semblent heureux. On sent, certes, qu'une tension se crée entre leur mode de vie et la marche du monde, mais, les jeunes mis à part, ils ne s'ennuient pas. Déjà, ils sont pris par leur vie quotidienne.
Mais surtout, l'île forme une grande communauté, solidaire et conviviale, a
britée des tempêtes du monde. La crise financière??? C'est quoi la finance? La vie s'écoule paisiblement.
D'ailleurs, ils ne semblent pas avoir de notion de temps, les jours mis à part. Je m'explique. En France, le temps passe de quatre façons:
- La nuit qui tombe et le jour qui se lève marquent le temps quotidien (à Mangkait aussi)
- Les saisons marquent le temps annuel. A Mangkait, il n'y a pas de saison, donc, d'une certaine façon, le temps annuel n'existe pas. A deux nuances près: l'année scolaire et l'année liturgique qui donnent de minces repères, mais plus sous la forme de cycles qui recommencent indéfiniment que sous celle d'une progression.
- L'échéance de la mort marque le temps de la vie. A Mangkait, l'individu n'existe pas tellement en tant que tel. C'est le groupe qui compte. Et tant que la moyenne d'age du groupe ne varie pas sensiblement, le temps passe sans marquer les esprits.
- Les innovations techniques marquent les époques: il y a l'avant et l'après électricité, l'avant et l'après Internet... A Mangkait, il y a à la rigueur l'avant et l'après moteur sur les barques, mais guère plus. On ne change pas d'époque.
Donc aujourd'hui ou il y a cent ans, pour eux, c'est presque pareil.
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