Des représentants de la Papouasie indonésienne ont exprimé jeudi leur vive opposition à un projet de loi "anti-pornographie" défendu par des partis islamistes qui menace, selon eux, des coutumes papoues telles que le port, comme seul vêtement, de l'étui pénien.
Ce texte est "incompatible" avec les valeurs de diversité et de tolérance promues par la constitution indonésienne, a dénoncé Wainan Watory, président de la Commission des droits de l'homme de la province, en demandant l'intervention du président Susilo Bambang Yudhoyono.
Actuellement débattu à Jakarta, ce projet de loi très controversé vise à punir les actes ou les oeuvres qui encouragent les désirs sexuels et menacent ainsi la "moralité de la communauté".
Mais pour de nombreux Papous, il va à l'encontre des traditions animistes de tribus des régions isolées de la province, où les femmes vivent seins nus et les hommes ne portent qu'un long étui pénien.
Ce dernier "est utilisé par les hommes pour couvrir leur pénis", qui "est le symbole du pouvoir divin dans l'homme. Vous ne pouvez leur retirer ce qui forge leur identité", a expliqué Karel Phil Erari, de l'ONG Fondation Nouvelle Papouasie, au cours d'une conférence de presse à Jakarta.
Le texte anti-pornographie est une "tentative" d'imposer aux non-musulmans les valeurs de l'islam, une religion dont se réclament près de 90% des Indonésiens, a ajouté Emmy Sahertian, de l'Alliance nationale pour l'unité dans la diversité, une autre ONG.
La mobilisation grandissante des opposants - associations laïques, musulmans modérés, élus de Bali - a obligé ces derniers jours les promoteurs du texte à amender celui-ci et à différer son examen au parlement.
vendredi 26 septembre 2008
Indonésie: les papous défendent leur nudité face à un projet de loi (AFP)
Trois jours de confort
Je suis donc parti Mardi matin du foyer, à six heures, pour pouvoir avoir le temps de déposer ma moto au presbytère et avoir le bateau de sept heures. La traversée dure deux heures, donc on arrive a dix heures. Normal, non? Il semble qu'une mode s'empare de cette ligne de bateaux: peindre les vitres pour que l'on ne puisse pas voire la belle traversée. C'est dommage.
Arrivée, donc, a dix heures, à cause de l'heure de décalage. Formalités de douane, et taxi jusqu'au métro. Métro jusqu'à "Orchard road", puis re-taxi jusqu'à l'ambassade d'Indonésie pour déposer au plus vite ma demande de visa. Re-re-taxi de l'ambassade à la Church of Teresa, mon point de chute. C'est Angeline, la secrétaire du curé (le père Michel Arro, MEP) qui m'accueille très gentillement. On s'était croisé à Paris en Juin, quand elle est venue pour l'ordination de David, un ancien volontaire.
La paroisse Sainte Thérèse de l'enfant Jésus est une petite paroisse de Singapour: seulement deux à trois milles personnes en temps normal à la messe du Dimanche. Une grosse paroisse, c'est huit à dix mille... Il y a une trentaine de paroisses. Les locaux paroissiaux sont immenses: outre l'église, construite après la canonisation de Thérèse Martin, et qui ressemble à une miniature du Sacré-Cœur de Montmartre, on a un parking souterrain, deux immeubles de quatre étages avec grand auditorium, centre de retraite et gymnase, des terrains de sport... Deux prêtres MEP la font vivre: le curé, Michel Arrow et Bruno qui rentre d'Inde et attend une nomination de son évêque. Il y a aussi un prêtre Singapourien avec une tête de malais et un nom hollandais, et un autre, Philippin, mais avec une tête qui n'est pas philippine. Il est aumônier du port.
Durant ces trois jours ce fut la belle vie: j'ai eu droit à une chambre climatisée et silencieuse, sans moto ni mosquée, et j'ai pris des douches chaudes avec une vraie douche. Doux confort.
Je me suis aussi lavé les dents à l'eau potable, ai mangé mon premier yaourt depuis trois mois, du Camembert et bu du lait jusqu'à plus soif. J'ai utilisé un couteau et ai bû dans un verre en verre. J'ai marché sur des trottoirs (très propres d'ailleurs (même plus propres que les assiettes du foyer), on pourrait manger dessus), pris le bus et le métro, suis allé au Mac Do et dans des centres commerciaux. J'ai eu froid (la première fois en trois mois) à cause de clim trop fortes). J'ai parlé un affreux mélange d'Anglais et de Malais. Le Malais c'est presque comme l'Indonésien; donc quand on parle une langue, on se débrouille dans l'autre.
Je suis allé chez Carrefour. Un petit paradis: c'est plein de produits français, importés sans même prendre la peine de changer les étiquettes. Je crois que j'y ai croisé la moitié de la communauté française de Singapour. J'ai donc trouvé: du Camembert importé par avion et vu son prix il devait être en classe affaire. Du saucisson qui me tendait les bras; Mais à 25S$ (~12€) les 200 grammes, je l'ai laissé tout seul. J'ai trouvé toutes sortes de jambon, du kiri, de la lauthing cow, diverses sauces italiennes pour mettre dans les pâtes et même du Nutella arrivé directement d'Allemagne. Danke. Je voulais du pâté, mais n'en trouvais pas. J'ai donc demandé à une vendeuse s'il y avait du "French pâté". Elle m'a d'abord demandé si c'était à base de légumes ou de fruits, puis s'est renseignée au près de deux collègues pls expérimentées. Finalement elles ont toutes les trois, dans un commun accord et après avoir beaucoup réfléchi, décidé de téléphoner à une chef pour avoir son avis. Celle-ci les a redirigée vers un autre chef, plus haut. A force de monter dans la hiérarchie, on est presque arrivé au secrétariat du PDG. Ce secrétariat leur a donc conseillé de m'emmener au rayon bouffe
J'ai aussi rencontré Yohannes, c'est lui qui s'occupe de la pastorale de djeuns de la paroisse. Il va venir passer un week-end à Tanjung Pinang dans trois semaines, et emmènera un groupe avant Noël. Une façon de montrer à ces petits riches - pour qui une panne de clim est dramatique - qu'on peut vivre sans. Et même sans ipod. Si!
Je suis allé à China town, avec la nostalgie du chien que j'avais mangé, mais je n'en ai pas trouvé. Je suis allé dans restau thai avec Angeline et un de ses potes.
Je suis allé à l'aéroport pour régler mon problème de billet d'avion. L'agence Lufthansa est ouverte de 4h00 le matin à minuit, sauf de 16h00 à 17h30. Pourquoi?? Ben, uniquement parce que je suis arrivé à 16h30. C'est exprès. Sinon, c'est pas drôle. Et le mec du bureau est encore plus débile que les trois filles avec qui j'avais passé une heure trente au téléphone. Incapable de résoudre mon problème. Trois heures de perdues et le problème non résolu.
Bon, voilà l'essentiel de mes trois jours. Maintenant je suis rentré à Bintan, et demain je repars fêter Adul-Fitri avec des amis volontaires au Lampung, dans le Sud de Sumatra.
Bonnes vacances de fin de Ramadan à tous!
lundi 22 septembre 2008
Demain, Singapour
Mais ces trois jours seront l'occasion de faire une petite pause et de retrouver un peu une vie occidentale. A l'image de Philippe Delerme dans La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, voici, en vrac, une liste de tout ce que je serai contant de faire:
- Manger des pommes de terre, des frites, du bœuf, du cochon, un Big Mac, une crêpe, du ketchup, des corn-flakes, de la moutarde, de la salade, un dessert.
- Boire un verre de vin, du cidre bien frai ou du lait.
- Me doucher avec une douche et de l'eau chaude; me laver les dents avec de l'eau potable
- Marcher sur un trottoir
- Prendre le métro
- Entrer dans un magasin climatisé
- Entrer dans un magasin propre
- Me promener dans un hypermarché
- Voire des gens avec un costume et une cravate
- Voire des immeubles de plus de trois étages
- Voire des gens s'arrêter au feux rouge même en l'absence de policier
- Voire des gens sans tongs
- Faire la grasse mat' jusqu'à 6h
- M'assoir dans un canapé
- Aller sur Internet avec du vrai haut débit
- Parler anglais avec des gens qui savent faire une phrase en anglais
- Voire des blancs
- Entrer dans un magasin d'une grande marque occidentale (mais ne rien acheter)
- Manger avec une fourchette et un couteau; boire dans un verre en verre
- Lire un journal international
- Ne pas entendre (trop fort) les muezzin
- Entendre des cloches
- Ne pas mettre quinze tonnes d'anti-moustique avant de me coucher ...
Comme quoi, la vie est vraiment faite de plein de plaisirs minuscules.
dimanche 21 septembre 2008
Les superstitions
L'autre jour, un prêtre - catholique! -m'a lui aussi soutenu qu'il existe des fantômes. Il m'a même dit que dans le Credo ont dit que Dieu a "créé l'univers visible et invisible", ce qui peut inclure les fantômes*. Je ne suis pas persuadé que sa théologie soit parfaitement romaine, mais bon, ça c'est un autre problème...
Dans les autres exotismes, on a:
-Si une femme fait mal le ménage, elle aura un mari poilu. J'ai peur que mes sœurs se marient avec un Portugais!!
- Si une femme enceinte tue un animal et le cuisine, son enfant sera handicapé.
- Quand un enfant nait, il faut que tout le voisinage dépose dans des assiettes les objets tranchants pour faire fuir les mauvais esprits.
- Si un enfant est souvent malade avant 12-13 ans, on change son nom.
- Quand la lumière du soleil est jaune, il faut mettre du sel devant sa maison pour empêcher les maladies d'entrer.
- ...
* Ce qui me semble tout de même en contradiction avec le fait qu'il dit voire les fantômes.
samedi 20 septembre 2008
Les religions en Indonésie
Vous l'avez peut-être remarqué, en ce moment c'est le Ramadan. En France ça ne change pas beaucoup la vie quotidienne, mais dans un pays comme l'Indonésie (l'Indonésie est le plus grand pays musulman du monde) qui compte environ 88% de mahométans, chacun voit son quotidien modifié: le muezzin beugle dès 3h30 au lieu de 4h15, et jusqu'à 22h30 le soir, les gens sont encore plus mous (et c'est pas facile tant ils ne sont déjà pas très vifs en temps normal!), les restaurants se parent de pudiques rideaux, la fréquentation des mosquées augmente, tout comme la longueur des voiles...
Bonne occasion pour que je fasse un petit topo sur les religions en Indonésie.
Depuis 1969 environ, c'est-à-dire l'époque du président Soeharto, une loi organise la religion en Indonésie. Elle stipule que:
- Les indonésiens croient en un Dieu unique. Donc l'athéisme, assimilé au communisme, mais qui de toute façon n'a pas de sens dans l'esprit des indonésiens, et le polythéisme ou le paganisme sont interdits.
- Cinq religions sont autorisées: l'islam, le protestantisme, le catholicisme (les deux sont bien distincts), l'hindouisme et le bouddhisme. La religion est inscrite sur la carte d'identité. Elle est aussi demandée quand, par exemple, on va à l'hôpital.
- Officiellement, aucune religion n'est favorisée, et le culte est totalement libre pour les cinq citées ci-dessus. Dans les faits c'est plus compliqué.
Dans les stats, on a environ: 88% de musulmans, 5% de protestants, 3% de catholiques, 2% d'hindouistes et de bouddhistes. La répartition géographique est très hétérogène: Florès est une île majoritairement catholique, les bataks sont plutôt protestants avec une minorité catho, il y a des cathos aussi en Papouasie, au Timor occidental et sur l'île de Java. Ailleurs, presque rien. Les balinais sont hindouistes, et les bouddhistes sont les Chinois. On les trouve un peu partout, là ou il y a du business à faire.
A Tanjung Pinang, chez moi, il y a 800 à 1000 cathos, dont beaucoup de chinois, sur 300 000 à 500 000 habitants, soit... pas grand chose.
Les indonésiens portent une grande importance à la religion et sont pieux, mais je ne suis pas certain qu'ils aient une foi débordante et réellement toujours profonde. D'une part il reste de fortes traces de superstition héritées des croyances anciennes, encore "en activité" jusque dans les années 70, et d'autre part, la religion est plus un marqueur social qu'autre chose: Quand on est Florès,on est catho, sinon, on est pas Florès, etc.
Savez-vous pourquoi les bataks et les Florès sont chrétiens? Parce qu'en 1969, ils ont dû "choisir" parmi les religions autorisées, et ont pris les plus libérales en matières de mœurs, d'alimentation, ... Ici, être catho, c'est être moralement libéral (mais sans rien trahir aux idéaux de l'Église, bien entendu!). De façon surprenante, ils se sont sérieusement convertis, et en deux générations, sont devenus de "vrais" chrétiens, laissant pour l'essentiel tomber les croyances anciennes (enfin, en gros). A titre d'exemple, presque tous les séminaristes que j'ai rencontrés sont de Florès, alors que leurs grand parents ont été élevés dans le culte de l'esprit de la nature et autres exotismes.
Comme je l'ai dit, officiellement aucune religion n'est avantagée: il y a des jours fériés pour les fêtes des grandes religions, le port de tout signe religieux est autorisé (ils sont libres, eux!),... Mais dans les faits, l'islam prend une place prépondérante, et cela va en s'accroissant: alors qu'il y a vingt ans ce n'était pas envisageable, maintenant il y a de temps en temps des églises qui explosent, il devient plus difficile d'obtenir un permis de construire pour une église dans certaines régions, des barbus viennent d'Arabie Saoudite et ouvrent des écoles coraniques... On sent aussi une tension dans l'islam: d'un côté, les restaurants restent très fréquentés à midi pendant le ramadan (un voile pudique cache la salle à manger de la rue), et de l'autre, on voit des femmes voilées jusqu'au bout des ongles. Il parait que c'est nouveau.
Les indonésiens sont communautaristes, aussi: à la banque, c'est plus simple pour moi d'ouvrir un compte si je vais chez le "conseiller clientèle" catho. A l'immigration, depuis qu'il n'y a plus de chrétien qui y travaille, on a le plus grand mal du monde à faire prolonger les visas, quand on choisit un restau ou un magasin, on préfère ceux de sa religion... Mais ce n'est pas un sujet de tension dans la vie courante entre les communautés. C'est vécu de façon naturelle.
Mais à l'avenir, avec la nette radicalisation de l'islam (ou doit-on dire un retour aux fondamentaux de l'islam?), cette "coexistence pacifique" n'est plus du tout certaine, et il est possible que les tensions s'accroissent. Déjà, le Timor oriental, catho, a obtenu son indépendance. L'indonésie vient d'ailleurs de reconnaître qu'elle les avait massacrés volontairement. Des transmigrants arrivent en Papouasie soutenus par l'Etat et créent de vraies tensions...
Voilà, c'est plus clair? Des questions?
Le coiffeur
Ça devenait urgent, puisque - j'ai mesuré -j'avais des cheveux jusqu'à 10 cm de long. Si. Mais j'avais peur d'aller chez le coiffeur: sur quatre témoignages de volontaires, j'en ai eu trois absolument catastrophés. Donc j'appréhendais. J'avais conclu de mon enquête que les coiffeurs à 35-40 centimes d'euros étaient certes bon marché, mais assez aléatoires... Je suis donc allé chez un coiffeur cher: 3€, dans la rue à touristes (mais il n'y en a guère) de Tanjung Pinang: peut-être auraient-ils déjà coupé les cheveux d'un blanc?
Bon, il faut le dire tout de suite, le résultat est passable. Mais, ça n'a pas été évident:
D'abord, et avant de commencer quoi que ce soit, il a fallu faire un massage. Un truc qui n'est en fait que pincements, torsions et autres gestes douloureux sur le crane, le cou et les épaules. Vingt minutes de tortures.
Probablement la coiffeuse s'imagine que tous les blancs se coiffent comme les chanteurs américains? En tout cas, ça n'a pas été évident de lui expliquer que la coupe mulet, c'est bien, mais y a quand même mieux. Enfin, j'y suis arrivé. Pour la coiffe, en revanche, la chef s'en est mêlée; elle aussi était persuadée que que la mode boys-band était du dernier chic.... Plus vulgaire, tu meurs.
Heureusement, le temps de rentrer en moto avec mon casque son affreuse mode était toute défaite. La pauvre, tant de travail...
mercredi 17 septembre 2008
Des milliers de Balinais manifestent contre une loi "anti-pornographie"
DENPASAR (Indonésie), 17 sept 2008 (AFP)
Des milliers d'habitants de l'île indonésienne très touristique de Bali ont manifesté mercredi contre un projet de loi de lutte contre la pornographie, défendu par les partis musulmans mais critiqué par les minorités du pays, a constaté un correspondant de l'AFP.
Quelque 5.000 manifestants, dont un bon nombre vêtus du costume traditionnel, ont occupé le parlement local à Denpasar, capitale provinciale de Bali, une île qui présente la particularité d'être majoritairement hindouiste dans un pays peuplé à 88% de Musulmans.
Actuellement en débat à Jakarta, le projet de loi anti-pornographique vise à punir les actes ou les oeuvres encourageant les désirs sexuels ou violant "la morale de la communauté". Le texte est défendu par les élus des partis islamistes mais aussi du Golkar, la principale formation du pays. Il est en revanche rejeté par plusieurs partis laïques ou non-musulmans ainsi que par des mouvements de Papouasie occidentale ou de provinces où les chrétiens sont présents.
"Les Balinais et les autres groupes ethniques ont une vision différente de ce qui peut être considéré comme sexuel ou pornographique", a déclaré Wayan Sayoga, un intellectuel participant à la manifestation. "Pour nous, la nudité n'est pas associée à la luxure. Nous pouvons la regarder d'un point de vue esthétique", a-t-il ajouté.
Les habitants de Bali craignent également que cette loi, si elle était adoptée, n'affecte le tourisme, le principal atout de cette île dont les plages attirent de nombreux Occidentaux.
Fin 2006, des musulmans conservateurs avaient déjà tenté de faire adopter un projet de loi anti-pornographie, mais s'étaient heurtés à une vive opposition.
mardi 16 septembre 2008
Chronique de ces derniers jours
Ces derniers jours, la routine s'est mise en place, les habitudes s'installent:
4h45; mon réveil sonne. Ça fait déjà un bon moment que je suis plus ou moins réveillé, surtout en ce moment de ramadan ou les mosquées crachent leurs prières dès 3h30. C'est tellement fort que j'ai à chaque fois l'impression de dormir dans la mosquée. Hiro, le directeur du foyer réveille les enfants qui vont se doucher. Moi aussi je me lave. La douche, c'est simple: un bac d'eau (de pluie) et une casserole en plastique pour s'asperger d'eau froide. Puis je pars à la chasse aux fugueurs: tous les enfants sont encore à moitié comateux avant la messe et beaucoup sont tentés de se recoucher. Du coup, on a fait réparer la serrure du dortoir et on le ferme. Une tentation en moins.
5h23; la messe de 5h30 commence. Le père Henri, 81 ans, est comme chaque jour venu en moto. Les filles du foyer des filles (c'est débile de dire ça, non?) nous rejoignent avec leurs trois bonnes sœurs pas très marrantes. On s'assoie par terre, les garçons à gauche, les filles à droite, et un très large passage entre les deux. Le père Henri fait au moins deux homélies durant la messe, une au début et l'autre après l'évangile. Il dit presque toujours la même chose: "on est des pêcheurs mais Dieu nous aime".
6h18. En attendant le petit déjeuner, vers 6h30, première ouverture de mon bureau. C'est le rush: Mister kaos kaki, monsieur, des chaussettes; minta uang? Je peux avoir des sous? Saya mau duit. Je veux des sous... Ada sikat gigi? Il y a des brosses à dents?
6h32, petit déjeuner. Le riz de la veille est servi frit avec quelques morceaux d'oeuf et de poisson dedans. On boit un thé très très sucré (et c'est peu dire!).
6h44, réouverture du bureau des pleurs. Même topo qu'un quart d'heure plus tôt, mais avec encore plus de monde et la tension qui monte: on va bientôt être en retard à l'école.
6h59. Les derniers repartent.
7h11. L'école a commencé. Apparait un mec qui veut me faire croire qu'il est malade. En fait il ne veut juste pas aller à l'école. Il veut que je lui fasse une lettre d'excuse. Pourquoi t'es pas venu plus tôt? Pourquoi tu dis que tu as de la fièvre et le thermomètre indique 37,00°? T'es pas malade. Je te fais pas ta lettre. T'assumes tes conneries avec tes profs.
7h14. Je me recouche pendant une heure, juste reveillé par les lycéens qui veulent que je leur ouvre une salle (ils n'ont pas cours le matin), puis par Tonu, le cuistot, qui veut 300 000 Rp pour aller faire les courses, puis par le livreur de gaz, puis.... En fait je ne dors pas vraiment.
7h55. Il faut faire la chasse aux lycéens pour qu'ils se mettent à l'étude.
8h13. L'étude de 8h00 commence laborieusement. Ils dorment tous à moitié. L'avantage, c'est qu'ils ne font pas de bruit et que je peux aussi bosser un peu.
09h00 très précises. Fin de l'étude.
09h04. J'enfourche ma moto pour aller en ville.
09h21. J'arrive à la banque. Je ne connais personne, mais tout le monde me connait. L'autre jour, quand je faisais la queue (ici, dans les banques et les stations service, on fait autant la queue qu'en France à la Poste ou à la Sécu), ma voisine de devant m'a demandé ce que je faisais dans la vie, d'où je venais, comment je m'appelais, quel était mon age, si j'étais déjà marié, où j'habitais, pourquoi je venais à la banque, quelle était ma religion, et quel était mon numéro de portable. A toutes les questions, sauf la dernière, c'est le guichetier qui a répondu, alors même que je ne lui ai jamais rien dit... J'ai eu aussi la même aventure à la douane en allant chercher une amie au port. Je fais donc imprimer mon relever de compte (ici il n'est jamais envoyé par la poste), puis je fais faire de la monnaie pour l'argent de poche: je donne 500 000Rp en billets de 50 000, et je repart avec un kilo de billets de 1000Rp et 5000Rp. Si par hasard il devait y avoir pénurie de monnaie au foyer, ce serait la révolution!
9h45. Je ressort de la banque et passe à la pharmacie, au presbytère pour dire bonjour au père Henri, éventuellement au supermarché... J'ai de la chance, ce matin il n'y a pas de vrai malade: pas besoin d'aller au dispensaire. C'est une grosse heure de gagnée.
12h15. Je rentre au foyer à peu près au même moment que les collégiens rentrent. Déjeuner. Invariablement du riz blanc avec un petit poisson et des légumes à l'eau. Déjeuner un peu libre parce que tous ne rentrent pas à la même heure, et les lycéens doivent partir. D'ailleurs au milieu de mon repas, je dois aller leur ouvrir le vestiaire. Je ne suis pas sensé le faire à cette heure-ci, mais bon, ils ne vont pas aller pieds-nus à l'école. Il faut l'uniforme.
12h45-13h15, réouverture du bureau des pleurs. 13h15. Je fais une sieste. Les collégiens - qui doivent normalement dormir - s'en foutent et frappent à ma porte. Ils le font avec tant d'insistance que parfois j'ai cru que c'était pour quelque chose d'important. Mais c'est jamais le cas. Alors maintenant je les envoie au diable ou je ne leur ouvre même plus.
14h45. Fin de ma sieste, mais je n'ouvre toujours pas la porte: Les jeunes doivent encore se reposer. Je bouquine: en ce moment L'Islam des interdits de Anne-Marie Delcambre. C'est pas hyper fun d'être musulman.
15h30, étude des collégiens. C'est Hiro qui s'en occupe. Je poursuis ma lecture ou check mes mails.
16h30, ménage. Chaque espace du foyer (extérieur, chapelle, WC, dortoir, vestiaire, grande salle..) est sous la responsabilité d'une classe de collégiens. C'est fait. Vite fait et correctement fait. Après c'est la pose, récréation. Mon bureau est ouvert ou je vais jouer au ping-pong. Il va aussi falloir que je mette en place des cours d'Anglais. Mais bon, on verra ça au retour de mon co-volontaire, après le ramadan.
18h45. C'est bientôt le dîner. Je vais presser les retardataires des douches (toujours les mêmes) en les menaçant de fermer le vestiaire. Ils seraient alors obligés de rester à poil.
18h59 59'' je ferme le dortoir. C'est le dîner. Rizal Don Bosco (c'est son prénom, mais on ne dit que Rizal) lit le Bénédicité. Puis chacun se sert (après moi tout de même). C'est le rush. Ils mangent souvent sans couverts, partagent un verre à plusieurs. Le dîner est très différent du déjeuner: riz blanc (les restes du déjeuner réchauffés. Les restes des restes serviront pour le lendemain matin) avec un petit poisson et des légumes à l'eau. Le Jeudi soir c'est la fête, on remplace le poisson anoréxique par un poulet rachitique. Et parfois (mais faut pas abuser, c'est rare) un fruit.
19h17. Les Grâces sont lues.
19h18. Mouvement de foule vers l'étude qui commence à la demie. L'équipe vaisselle fait la... vaisselle. (Mal, d'ailleurs).
19h41-19h44. Trois minutes de vrai silence et de concentration dans la salle d'étude. Sinon, c'est plutôt le bazard. Je crois que ça n'est pas de la mauvaise volonté, mais vraiment, ils ne savent pas travailler.
21h15. Fin de l'étude. On va à la prière. Lecture commune de l'évangile du lendemain matin suivi d'un commentaire de Hiro, le directeur du foyer (comme ça on aura eu trois homélies). Le Jeudi, variante: on rajoute des chants de Taizés, en indonésiens. (Par exemple, Bless the Lord my soul devient Pujilah Tuhan). Ils chantent assez mal.
21h29, réouverture du bureau, distribution des médicaments (90% de paracétamol). Un bon placébo ferait très bien l'affaire.
22h30,je me couche, épuisé, après avoir avalé quelques tranches de saucisson avec Hiro. C'est probablement le plus grand mangeur de saucisson d'Indonésie.
Bonne nuit.
Bousculade lors d'une distribution d'argent: 21 morts en Indonésie (AFP)
Onze autres personnes ont été blessées lors de ce rassemblement de 2.500 à 5.000 habitants selon les témoignages, qui se pressaient dans une rue étroite de Pasuruan, une ville à environ 800 km à l'est de Jakarta. Elles cherchaient à recevoir un don de 30.000 roupies (environ 2 euros) chacune de la part d'une riche famille locale.
De telles aumônes aux nécessiteux sont traditionnelles lors du mois du ramadan, le mois sacré durant lequel les musulmans jeûnent durant le jour et sont encouragés à faire preuve de charité.
"Trop de personnes sont venues et, comme elles craignaient de ne pouvoir obtenir de l'argent, elles ont poussé, provoquant la bousculade", a expliqué le porte-parole de la police nationale, Abubakar Nataprawira.
Des images télévisées ont montré la foule se pressant contre les grilles de la maison et des femmes, pour la plupart âgées, criant alors qu'elles étaient progressivement asphyxiées.
"Il y avait beaucoup plus de monde que l'an passé", lorsque la famille aisée avait déjà organisé, comme tous les ans, une distribution, a précisé le maire de Pasuruan, Aminurrahman, à une radio indonésienne.
Le ramadan est vécu cette année dans un climat morose par beaucoup d'indonésiens, confrontés à une inflation proche de 10% après une augmentation de près de 30% du prix des carburants subventionnés.
Exprimant ses condoléances aux familles des victimes, le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, a fait porter la responsabilité de cet accident aux organisateurs de la distribution.
vendredi 12 septembre 2008
Fort séisme de magnitude 7,6 en Indonésie, brève alerte au tsunami (AFP)
Le séisme enregistré à 05H00 locales (22H00 GMT) a été localisé à une profondeur de 1O km, à 122 km au nord-ouest de la ville de Ternate, dans la province des Moluques du Nord, a précisé l'agence de météorologie et de géophysique de Jakarta.
Aucune victime ni dégâts n'ont été rapportés dans l'immédiat.
L'Observatoire géologique américain (USGS) a quant à lui évalué la magnitude du séisme à 6,6 et situé sa profondeur à 93 km.
"J'ai ressenti le tremblement mais il n'était pas très fort", a indiqué Ojihan Washab, un agent hospitalier de Ternate, qui avait décidé de ne pas se mettre à l'abri malgré l'alerte au tsunami.
Les tremblements de terre sont fréquents en Indonésie, un immense archipel de milliers d'îles et d'îlots situé sur la "ceinture de feu" du Pacifique. Une alerte au tsunami avait été brièvement lancée le 26 août après un séisme de magnitude 6,6 au large de Java, qui n'avait fait ni victime ni dégâts.
Un fort séisme d'une magnitude 7 sur l'échelle de Richter a également frappé jeudi le nord du Japon, selon l'Agence météorologique japonaise.
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mardi 9 septembre 2008
Sumatra : séisme de magnitude 5,6
"Une personne de 70 ans est morte et une soixantaine ont été blessées" tandis que quelque 25 maisons ont été endommagées, a déclaré Rustam Pakaya, du ministère.
Le séisme s'est produit à 10h07 à une profondeur de 10 km à 51 kilomètres au sud-ouest de Tebing Tinggi, dans la province de Bengkulu. Il "a été particulièrement ressenti dans la ville de Lahat" dans la province de Sumatra Sud, a précisé Taufik Gunawan, de l'institut de géophysique.
jeudi 4 septembre 2008
Comment s'y prendre pour ouvrir un compte en banque
Pour ouvrir un compte, donc, ces derniers m'avaient expliqué qu'il fallait avoir son passeport avec le visa à jour, ainsi que la lettre d'invitation nécessaire pour avoir le visa. Ça, déjà, c'est débile: il faut avoir un document que l'on ne peut qu'avoir si on a le visa. Pourquoi donc checker cette lettre si on a le visa? Je me suis donc rendu à la banque pour faire ma demande de compte. C'est pas possible. Il faut un papier de l'immigration. (Ici je suis un immigré). Je vais donc à l'immigration pour en demander un, mais c'est pas possible; je n'ai pas un visa compatible avec le papier demandé. Quoiqu'avec une enveloppe bien remplie, la compatibilité serait redevenue possible.... Je ne peux donc pas ouvrir de compte.
* En effet, les volontaires qui gèrent les comptes du foyer - c'est à dire moi en ce moment - doivent s'y rendre environ tous les deux/trois jours...
mercredi 3 septembre 2008
Des tests de connaissance du Coran pour les candidats aux élections à Aceh
Un projet de tester les candidats aux élections sur leur connaissance du Coran va être mis en oeuvre dans la province indonésienne d'Aceh, bastion de l'orthodoxie musulmane, en dépit de protestations de partis nationaux, ont indiqué mercredi les autorités.
"Nous allons appliquer l'ordonnance locale exigeant que tous les candidats aux législatives passent le test de connaissance du Coran", a déclaré Salam Paroh, le président de la commission électorale d'Aceh, province de l'extrême-nord de l'île de Sumatra.
Ce test permettra d'évaluer les candidats sur leur maîtrise des préceptes musulmans et leur capacité à réciter des versets du livre saint de l'Islam.
Seuls ceux qui réussiront ce test seront autorisés à se porter candidats aux élections prévues en avril 2009 dans la province, où le gouvernement indonésien a autorisé en 2001 les autorités locales à mettre progressivement en vigueur la charia.
Le test a notamment été critiqué par des membres de partis nationaux, comme le Golkar, défenseur d'une constitution qui prétend ne favoriser aucune religion. "Nous avons le droit de ne pas accepter de faire le test. La commission (électorale) ne peut pas nous empêcher d'être candidat sur la seule base du test", a affirmé Thamrin Ananda, un responsable du parti à Aceh.
Selon des médias de Jakarta, le ministre de l'Intérieur, Mardiyanto, a tenté de dissuader les autorités locales d'appliquer cette mesure aux candidats des partis nationaux.