Voila maintenant quatre jours que les jeunes sont rentrés à l'école. Le foyer se met doucement en route, chacun prend ses marques, les habitudes reprennent. Je commence a découvrir les caractères de chacun: les grandes gueules se font repérer en premier. Il y a aussi les minets: ils viennent souvent dans le bureau parce que c'est là qu'il y a le seul miroir - cassé - de tout le foyer. Il y a aussi les rebelles. Ils sont encore discrets. Il y a des timides, des bruyants, des sportifs, des crâneurs, des contemplatifs, des presque-autistes, de tout, quoi!
Pour un volontaire, une journée normale commence a 4h50 avec le lever du dortoir. C'est tôt, mais de toute façon chacun est déjà plus ou moins éveillé depuis 4h30 a cause de (grâce à?) la prière chantée par le muezzin. Entendre plusieurs fois par jour la cacophonie des mosquées du quartier diffusée par des hauts parleurs d'encore plus mauvaise qualité que ceux des Mac Drive m'a au début cassé les oreilles. Maintenant je m'y fait, ça rythme ma journée, et je me dit que c'est quand même beau de s'arrêter, comme ça, au milieu de ses activités plusieurs fois par jour pour prier.
Après le lever, chacun prend sa douche, rapidement, pour évacuer la sueur collante de la nuit. La messe commence a 5h30, quand il fait encore nuit. Le lever du soleil, à la même heure tout les jours, est exactement au moment de la consécration. Un beau symbole!
Après on prend le petit déjeuner, café ou thé a l'indonésienne (c'est à dire très très sucré), avec du riz généralement frit.
Les petits partent ensuite au collège - a vingt mètres du foyer - à 7h, pendant que les grands ont une heure d'étude. Le reste de la matinée est consacrée aux diverses taches des volontaires (la compta demande beaucoup d'efforts). On déjeune quand les collégiens rentrent, généralement a 12h30.
Après avoir fait une permanence dans le bureau-des-pleurs-infirmerie-banque-labo-photo-salon-de-réception-procure-générale-bibliothèque-salle-de-téléphone-salon-
de-coiffure-chambre-d'amis-salle-de-musique qu'est le bureau des volontaires, on peut enfin souffler de 14h00 a 16h00 quand les lycéens partent en cours. Théoriquement c'est la sieste. Mais, a cause des multiples appels "Mister! Mister!" des collégiens qui font autre chose que dormir, on ne se repose pas tant que ça. Enfin, ça va quand même.
A 16h00, le foyer s'anime de nouveau: c'est le ménage. Certes il n'est pas toujours très bien fait, mais bon, au moins ici, ce sont les enfants qui tiennent la maison. Puis c'est re-douche, étude et jeux jusqu'au dîner de 19h00. Comme à midi, c'est toujours du riz, avec une touche de légumes, du piment et du poisson. Parfois une mini-banane ou un fruit. Un jour je vous décrierai leur façon de manger qui est... dépaysante.
Après le diner, c'est re-étude, jusqu'à la prière du soir, vers 21h00: le plus souvent une lecture de l'Évangile du lendemain commentée par Hiro, le directeur du foyer.
Enfin, les enfants se couchent, et on est tranquille: discutions (et dégustation de charcuterie, fromages, vins français...) entre volontaires et directeur du foyer sur la vie de celui-ci, ses problèmes, ses projets...
On ne se couche pas très tard.
Ce qui me frappe, de cette première semaine, c'est la relativement grande autonomie des enfants: à 11 ans ils couvrent eux mêmes leurs livres, sans aide, lavent leur linge, se lavent les dents sans qu'on leur demande, font le ménage et la vaisselle... Ils sont beaucoup plus autonomes qu'en France. Mais ils ne font pas moins de bêtises.
Autres brèves:
L'électricité marche ici selon un courant alternatif: on alterne les moments de la journée avec et sans électricité de façon aléatoire. Quand une coupure a lieu durant la journée, c'est pas gênant, mais le soir, si ça fait drôle le premier jour c'est beaucoup moins marrant après... Le père Henri m'a expliqué qu'ils coupent le courant par ce qu'il n'y a pas assez de fuel: les employés de la centrale le piquent pour le revendre en douce. Classique.
Il y a beaucoup de chats qui trainent dans le foyer. Certain s'aventurent sur le balcon des volontaire, lieu dont la privacite (ça se dit??) est au combien sacrée! Ils sont téméraires: leur présence m'agace (quoi que mon co-volontaire m'a dit que grâce a eux il n'y a plus de souris), et du coup je les attrape par la peau du cou et les balance par dessus le balcon. Je peux confirmer qu'il est faux de dire qu'un chat retombe toujours sur ses pattes: ça tombe le plus souvent comme une crotte. Il y en a d'ailleurs un petit qui s'est casse une patte. Le pauvre, il boite.
Mardi soir, après l'heure de coucher les enfants, on a trouvé un serpent noir d'un petit mètre dans leurs toilettes. Ça a mis le bordel et de l'excitation pendant au moins une demie heure. Difficile de les recoucher après.
Hier, Emmanuel, un ancien volontaire (d'il y a dix ans) est passé "en voisin" de retour de Camberra. Il organise les messes du Jour du Seigneur et Dimanche dernier, il y en avait une pour les JMJ. Elle est visible sur le site du Jour du Seigneur.
Demain, je pars a cinq heure (du matin, naturellement) en avion avec le pere Henri a Jakarta pour la retraite annuelle des missionnaires et volontaires MEP en Indonésie. Je pourrai enfin découvrir les autres volontaires et leur mission. La retraite sera prêchée par une américaine; je ne sais pas si ce sera en francais ou en anglais. Elle parlera du sacerdoce, de la mission et de la lectio divina. Après je vais directement trois semaines prendre des cours d'indonésien. Je ne sais pas si j'aurai accès à Internet a ma guise, donc ne vous inquiétez pas de mon possible silence.
2 commentaires:
eh! tu es vachement cruel, comme type! balancer un chat comme ça !? je vais prévenir Brigitte Bardot.
Franchement, pour le serpent, je suis très déçu que vous ayiez dérogé à l'exotisme : vous auriez pu au moins le manger...
Bonnes semaines de cours.
En plus tu leurs casse les pattes au chats, c'est pas très très geeeeeentil... mais ça doit être rigolo ^^
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