dimanche 13 juillet 2008

Claude Gueux

Je viens à l'instant de terminer Claude Gueux de Hugo.
En ne remplaçant que le troisième mot (France) par Indonésie, je trouve que le passage suivant, qui date pourtant de 1834, est particulièrement d'actualité dans ce pays:
"Quand l'Indonésie saura lire, ne laissez pas sans direction cette intelligence que vous aurez développée. Ce serait un autre désordre. L'ignorance vaut encore mieux que la mauvaise science. Non. Souvenez-vous qu'il y a un livre plus philosophique que le Compère Mathieu, plus populaire que le Constitutionnel, plus éternel que la Charte de 1830. C'est l'Ecriture Sainte. Et ici, un mot d'explication. Quoi que vous fassiez, le sort de la grande foule, de la multitude, de la majorité, sera toujours relativement pauvre, et malheureux et triste. A elle le dur travail, les fardeaux à pousser, les fardeaux à traîner, les fardeaux à porter. Examinez cette balance: toutes les jouissances dans le plateau du riche, toutes les misères dans le plateau du pauvre. Les deux parts ne sont-elles pas inégales? La balance ne doit-elle pas nécessairement pencher, et l'État avec elle? Et maintenant, dans le plateau du pauvre, dans le plateau des misères, jetez la certitude d'un avenir céleste, jetez l'aspiration au bonheur éternel, jetez le paradis, contre-poids magnifique! Vous rétablissez l'équilibre. La part du pauvre est aussi riche que la part du riche. C'est ce que savait Jésus qui en savait plus long que Voltaire.
[...] Donc, ensemencez les villages d'évangiles. Une Bible par cabane. Que chaque livre et chaque champ produisent à eux deux un travailleur moral."
D' après Victor Hugo, Claude Gueux

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