Quand l'on m'a dit qu'avant de partir en mission la formation dispensée par les MEP comprenait un pèlerinage à Vézelay, je n'en ai pas compris le sens. Et quand j'ai appris qu'il s'agissait de marcher avec des religieux de communautés nouvelles, et en particulier avec les fraternités monastiques de Jérusalem, j'ai encore plus été surpris. Pourquoi donc une vieille institution missionnaire – 350 ans tout de même – tenait-elle tant à ce que ses volontaires marchent deux jours avec de jeunes contemplatifs? Ça me dépassait un peu...
J'ai donc entamé ma marche, heureux certes de ce moment privilégié de foi, mais sans en comprendre véritablement le sens. Cela fut d'abord la veillée de prière à Saint Gervais. Les très belles mélodies des Fraternités m'ont vite fait entrer – et tous les pèlerins avec moi - dans une prière sincère et recueillie. Puis, trop rapidement, chacun est reparti, emportant l'un des sept dons de l'Esprit Saint sur un papier pour guider sa marche du lendemain.
Comme tout voyage, le trajet en car reste un moment classique de découverte: du thème du pélé, des autres volontaires, des autres pèlerins... Puis, après un petit temps de marche et une messe célébrée dans une jolie petite église de campagne, les ventres affamés des marcheurs furent enfin rassasiés. Le temps – a peine – de se reposer et de découvrir aux travers de témoignages l'oeuvre de Jean Vanier, et nous voilà déjà repartis sur la route en méditant un bel extrait de la lettre de Paul aux Galates: « [...]Rendez-vous par la charité serviteurs les uns des autres [...] » (5- 13,18). J'ai enfin cru y déceler quelque chose qui pourrait conduire nos pas de pèlerins-volontaires MEP: Ne part-on pas – un peu – pour être serviteur de nos frères en Asie et dans l'océan Indien?
Au crépuscule, après la montée vers la basilique, Jean Vanier nous a un peu parlé de sa vie et de son oeuvre. Je retiens de cet enseignement la question d'Éric, lourdement handicapé: « Qu'est-ce qui fait que je suis aimable? Suis-je important pour quelqu'un? Quelqu'un m'aime t-il? » Là encore le lien avec la mission MEP m'est apparu: partir loin servir le plus petit, le plus faible, le plus pauvre ou le plus handicapé, n'est-ce pas lui dire : « Oui, je t'aime, tu as de la valeur pour moi. J'ai fais tout ce long voyage pour toi, pour te le dire. Et Dieu aussi t'aime! Infiniment plus que moi! Tu es irremplaçable pour Lui! ». Et je me suis dit que si au moins une personne pouvait prendre réellement conscience de cela, alors ma mission serait gagnée!
De la journée du Dimanche ma mémoire retiens d'abord ces Laudes, superbes, devant les merveilles de la création. « Dieu vit tout ce qu'il avait fait: cela était très bon » (Gen1, 31). La messe d'envoi en mission et l'homélie de Monseigneur Patenôtre a elle aussi retenu mon attention dans la définition qu'il donne de la Gloire. « La Gloire, ce n'est pas celle de ta naissance, de tes diplômes, de tes habits. Non, c'est d'entrer dans sa gloire à Lui, entrer dans cette passion d'amour. [...] Cette gloire là, ce n'est pas de la gloriole, c'est la gloire d'engager sa vie jusqu'au bout. » Voilà un programme loin de tout vedettariat et sur-mesure pour des apprentis missionnaires!
Ce n'est finalement qu'en rentrant que j'ai compris le sens de ce pèlerinage: marcher avec des contemplatifs signifie que pour agir juste, il faut inscrire nos actes dans l'amour du Christ par la contemplation. Marcher avec des communautés nouvelles, c'est parce que l'Église est jeune!
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