mercredi 15 avril 2009

Interview

J'ai donné il y a quelques mois maintenant une interview à un mensuel catholique. J'avais oublié de vous le dire... Mieux vaut tard que jamais, donc voici le script. Celui qui trouve de quel magazine il s'agit gagne six canettes de jus de bave d'hirondelle

  1. Brève présentation du volontaire (origines géographiques, famille, engagements personnels…) et de son cursus (études, activité professionnelle…)

J'ai 22 ans, et suis étudiant en master de management dans une école de commerce. C'est entre mes deux années de master que mon école me donne la possibilité de prendre une année pour mener un projet différent du cursus scolaire, et c'est pour cela que je me suis engagé pour une mission d'un an en Indonésie. Je suis originaire de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine (92), aîné d'une famille de trois enfants (deux soeurs, 21 et 16 ans). Avant de partir pour une mission d'un an, je m'étais déjà engagé pour des missions de quelques semaines (en Allemagne et au Portugal), avec d'autres organismes. J'ai aussi été actif dans une association de mon école qui aide à la promotion sociale de lycéens brillants mais sociologiquement bloqués par le plafond de verre. Enfin, je suis aussi assez engagé dans l'Église.


  1. Qu’est-ce qui vous a poussé à partir en volontariat international ?

Après être entré en école de commerce, je me suis rendu compte que ce genre d'études ne me passionnaient pas vraiment. Pire, que la vie à laquelle je pouvais m'attendre après être diplômé d'une ESC n'avait pas beaucoup de sens. J'ai donc saisi la première occasion venue de (re)mettre ma vie en perspective, de réfléchir au sens que je veux lui donner. Pour mettre un peu de sel dans mon existence, quelque chose qui fait que l'on a vraiment envie de se lever tous les matins. Le volontariat international répond bien à mon goût pour ça: découverte de l'Autre, d'un pays, d'une langue, service du faible et de l'Église. C'est un temps de pauvreté relative; Et j'ai le sentiment paradoxal de grandir au contact des gens très différents, en prenant conscience de ma petitesse. L'école m'a donné une totale liberté dans le choix de ma mission.

  1. Aviez-vous une expérience dans la Solidarité au préalable ?

Oui, mais pour des projets plus modestes: je suis parti quelques semaines au Portugal et en Allemagne avec les associations Concordia et Rempart pour mener des projets à dimension écologique. J'ai aussi participé assez activement à une association de mon école qui aide des lycéens brillants mais issus de milieux socio-culturels peu ouverts aux études longues à envisager cette possibilité sérieusement, dans le l'idée d'être promu socialement.


  1. Qu’est-ce qui vous a orienté vers les MEP ? Avez-vous tenté de partir avec d’autres organismes ?

Je ne connaissais pas les MEP avant de m'y engager. Ce que je voulais, c'était partir avec un organisme ayant une dimension catholique, partir dans un cadre d'Eglise, à la rigueur quel qu'il fut. J'ai donc tapé sur Google quelque chose comme « volontariat catholique » et suis tombé sur un certain nombre d'organismes. J'ai fait acte de candidature à plusieurs (MEP, Fidesco, DCC, SCD,...). Rapidement j'ai été reçu par le P. Colomb, des MEP. Le courant est bien passé, mon projet correspondait bien à leur esprit et inversement, donc je n'ai pas insisté ailleurs.


  1. Le choix du pays a-t-il guidé vos pas vers la rue du Bac ?

Non; j'étais ouvert à tous les pays. Je partais dans un esprit de service, ouvert et disponible à ce qu'on me proposait. A posteriori je suis content d'être en Asie, parce que je trouve ce continent, en plein bouleversement sur tous les plans, très intéressant pour comprendre la marche du monde.


  1. La dimension confessionnelle des missions proposées est-elle un facteur déterminant ? Pourquoi ?

Oui. Je voulais partir dans un cadre d'Eglise. A la rigueur, peut importe lequel, mais il me semblait important de travailler sur toutes les dimensions de l'Homme, de ne pas en occulter une a priori, surtout si c'est - à mon sens – la plus fondamentale de toutes. Et puis je me voyais mal partir un an loin des sacrements. C'est important pour moi.


  1. Quels sont vos souvenirs, bons ou mauvais, de la session de préparation ?

Je n'ai pas de mauvais souvenir. Ah si, peut-être. La première nuit de la formation le chauffage était réglé sur « clim ». En Février, ça fait très froid! ;-))

En revanche, j'ai beaucoup de bons souvenirs. En premier lieu, la rencontre de gens vraiment intéressants. Que ce soit les volontaires, les anciens volontaires, les pères missionnaires, les pères asiatiques qui sont hébergés aux MEP, rue du bac, ce sont tous des gens qui ont des choses à dire, qui ont de la consistance. Pas des mous.

Ensuite, je dirais la dimension spirituelle que les MEP donnent à leur semaine de formation. Une sorte de retraite. Les conférences en elles-mêmes sont généralement très riches aussi. Enfin, last but not least, le plateau de fromages est remarquable!!


  1. Depuis quand êtes-vous parti(e) en coopération ?

Depuis début juillet 2008


  1. Quelles sont vos activités dans le cadre de cette mission ?

Je travaille en trio avec un autre volontaire et un Indonésien pour le foyer « Saint Tarsisius » de Tanjung Pinang (juste au sud de Singapour), un foyer fondé par le père Henri Jourdain, MEP, et qui accueille une petite cinquantaine d'ados, des garçons. Je m'occupe de toutes les questions d'argent, de gestion, et je suis éducateur et animateur: à moi de faire vivre le foyer, en tentant de faire grandir droitement les jeunes qui me sont confiés.

Concrètement, cela signifie que je dois faire en sorte qu'ils se lèvent et soient prêts le matin pour la messe de 5h30 (!), qu'ils ne sèchent pas l'école, qu'ils fassent leurs devoirs, qu'ils s'épanouissent dans des activités ludiques le week-end (sorties à la mer, à la piscine, projection de films de qualité, tournois sportifs...), qu'ils ne soient pas trop malades... Pas le temps de s'ennuyer, d'autant plus qu'ils sont, de tout point de vue, tous très différents les uns des autres. Il faut aussi visiter les familles durant les vacances pour qu'elles gardent bien un lien avec le foyer et ne soient pas trop dépassées par leurs enfants. Souvent des rencontres très riches!


  1. Quels est votre bilan à ce stade de l’expérience ?

J'ai l'impression de gérer la Sécu: Je n'ai pas encore réussi à équilibrer les comptes... Mais je garde espoir ;-)

Il est difficile de faire un bilan qui ait du sens à mi-parcours, après six mois. Surtout dans l'éducatif: 99% de ce que je sème, je ne le moissonnerai pas moi-même. Mais je peux quand même dire que je suis heureux, ce qui n'est pas négligeable, et que j'ai le sentiment que le foyer marche malgré tout correctement. Le plus dur, et c'est sur ça que j'ai l'impression de bloquer, c'est d'arriver à démontrer à mes jeunes quelles sont les vraies valeurs, les rochers sûrs sur lesquels construire sa vie pour qu'elle ait du sens. La jeunesse Indonésienne est comme hypnotisée par l'occident. Ou plutôt par l'idée qu'elle s'en fait. Et ils n'en prennent que les valeurs les plus bas de gamme. C'est assez consternant.


  1. Au terme de votre période de volontariat, comment envisagez-vous le retour ?

Ce n'est pas facile à dire... Très probablement cette expérience sera t-elle fondatrice dans le sens que je veux donner à ma vie, dans l'importance que je vais donner à la Mission et au service de l'Église. Mais je n'ai pas encore assez de recul pour l'analyser. Et puis, je suis encore la « tête dans le guidon »; je ne me suis pas encore beaucoup (assez?) préoccupé du retour... Re-posez-moi la question dans six mois!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cet article n'était pas dans "l'Homme Nouveau"!