mercredi 11 juin 2008

Que sont les M.E.P.?

La société des Missions étrangères de Paris est une société de vie apostolique ayant pour vocation l'évangélisation des peuples d'Asie par la fondation d'églises, de diocèses et de presbytériums autochtones. Ce n'est donc ni vraiment une congrégation ni un ordre religieux, puisque les prêtres qui la composent sont pour la plupart incardinés dans leur diocèse d'origine.

L’histoire de la Société commence en 1649 par l’arrivée à Rome d’un missionnaire jésuite, le Père Alexandre de Rhodes. Après avoir fait plusieurs séjours au Tonkin et en Cochinchine de 1624 à 1645, Alexandre de Rhodes en a été expulsé comme bien d’autres missionnaires étrangers. Ce missionnaire zêlé a compris alors que les jeunes communautés chrétiennes, restées sans pasteurs, ne pourraient subsister sans prêtres autochtones. Il vient donc à Rome plaider pour l’envoi dans ces pays d’évêques qui auraient la responsabilité de promouvoir un clergé indigène, en mesure d’assurer le soin des fidèles, et seul capable de survivre en temps de persécution.

A cette époque, et surtout depuis la création de la Congrégation de la Propagande en 1622 (l'ancêtre de la Congrégation pour l'évangélisation de Peuples), la papauté est animée d’un profond désir de favoriser l’action missionnaire. Le Saint-Siège entend aussi reprendre la direction des missions dans les “terres nouvellement explorées”, dont le monopole a été accordé au Portugal et à l’Espagne par le pape Alexandre VI, depuis le traité de Tordesillas (1494). Aussi accueille-t-elle avec intérêt les propositions d’Alexandre de Rhodes. Mais la Congrégation n’a ni soutien ni ressources, et les papes hésitent encore à prendre des initiatives, susceptibles d’entraîner un conflit avec l’Espagne ou le Portugal.

En 1653, Alexandre de Rhodes va porter son message en France. Sa plaidoirie pour l’envoi d’évêques en Asie est entendue et remporte un franc succès près du clergé de Paris. Il trouve même des volontaires parmi les jeunes ecclésiastiques de l’Aa (Association d’amis). Les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, qui depuis longtemps désirent collaborer à l’oeuvre missionnaire, décident de leur côté de mettre leur influence et leurs ressources au service de ce beau projet.

Des suppliques sont adressées aux papes Innocent XI et Alexandre VII. Des évêques et des laïcs de France interviennent. Une dernière démarche de la Compagnie du Saint-Sacrement et de l’Aa finit par convaincre les cardinaux de la Propagande. Quatre évêques sont nommés, avec le titre de vicaires apostoliques : Mgr François de Laval Montmorency, Mgr François Pallu, Mgr Lambert de La Motte et Mgr Ignace Cotolendi.

L'un d'eux, Mgr François de Laval Montmorency, est envoyé comme vicaire apostolique au Canada. Il participe à la fondation du Séminaire des Missions Etrangères, mais plus tard la Mission du Canada sera amenée à fonctionner indépendamment de la Société des Missions Etrangères de Paris.

Les trois autres vicaires apostoliques partent vers l'Asie:

- Mgr François Pallu, comme vicaire apostolique du Tonkin et administrateur des provinces de Chine limitrophes du Tonkin,







- Mgr Pierre Lambert de la Motte, comme vicaire apostolique de la Cochinchine et administrateur des provinces méridionales de la Chine,







- Mgr Ignace Cotolendi, comme vicaire apostolique de Nankin et administrateur des provinces orientales de la Chine, de la Tartarie et de la Corée. Ces vicaires apostoliques sont considérés comme les véritables fondateurs de la Société des Missions Etrangères.





Avant leur départ pour leurs missions respectives, les vicaires apostoliques reçoivent du pape Alexandre VII, dans l’Instruction de 1659, des directives très précises qui peuvent être ramenées à trois chefs : 1. créer un clergé autochtone aussi nombreux et aussi bien formé que possible. - 2. s'adapter aux mœurs et coutumes du pays, en évitant de s'ingérer dans les affaires politiques. - 3. ne prendre aucune décision importante sans en référer à Rome.

Mgr Lambert de La Motte quitte la France en juin 1660. Mgr Cotolendi en juillet 1661 et Mgr Pallu le 3 janvier 1662. Chaque évêque est accompagné de prêtres et de laïcs. Ils sont, en tout, 17 missionnaires à quitter la France pour l'Asie. Huit vont mourir en route, y compris Mgr Cotolendi qui sera inhumé sur le rivage oriental de l'Inde. Et c'est seulement après un voyage de plus de deux ans que les survivants vont atteindre Ayuthia, au Siam, l'un des rares endroits où des étrangers peuvent alors débarquer en sécurité.

Après les dangers et les embûches du voyage, de nouvelles difficultés les attendent dès leur arrivée. Les vicaires apostoliques sont supposés exercer leur autorité sur tous les missionnaires résidant dans les territoires qui leur sont confiés. Mais les religieux, qui ont jusqu'alors exercé leur travail apostolique dans le cadre du patronage portugais, n'ont pas été informés de ce changement dans leur statut. Cette situation sera source de conflits déplorables pendant de nombreuses années, avec des conséquences désastreuses sur l'activité missionnaire.

Si surprenant que cela puisse paraître, la Société des Missions étrangères de Paris a fonctionné pendant plus de quarante ans sans document écrit régissant son organisation interne. Le premier règlement est rédigé en 1710. On y rappelle les objectifs principaux de la Société : elle est une association de prêtres diocésains, incardinés dans leur diocèse d'origine et mis à la disposition de la Propagande, pour aller travailler en mission sous l'autorité des vicaires apostoliques. On y souligne aussi la nécessité pour chaque missionnaire de tendre résolument vers la sainteté. Les vicaires apostoliques dirigent alors la Société de façon collégiale. Chacun d'entre eux a un procureur à Paris. Ces procureurs ont pour charge de pourvoir les vicariats en missionnaires et de trouver les fonds utiles à la bonne marche des missions.

Un changement important intervient en 1840. Jusqu’alors les candidats missionnaires étaient tous prêtres. Désormais on acceptera des séminaristes, qui seront incardinés dans la Société. Après la promulgation et l’entrée en vigueur du nouveau Droit Canon, en 1917, la Société des Missions étrangères perd son caractère d’association de prêtres diocésains, mis à la disposition de la Propagande, et devient pratiquement une sorte de congrégation composée de prêtres séculiers. Suite à cette réforme, les membres de la Société vont élire un supérieur général et voter leurs constitutions.

Le champ de travail de la Société des Missions étrangères s’est peu à peu agrandi au cours des siècles. Après le Siam, le Tonkin, la Cochinchine, le Cambodge et quelques provinces de Chine, le Saint-Siège demande aux prêtres des Missions étrangères, en 1776, de remplacer les Jésuites dans le sud de l'Inde. En 1831, le Pape Grégoire XVI confie à la Société la Corée et le Japon; en 1838, la Mandchourie; en 1841, la Malaisie; en 1846, le Tibet et l'Assam. En 1849, les Missions Etrangères reçoivent du Pape Pie IX trois autres Provinces de Chine et, en 1855, la Birmanie. Enfin, en 1952, le Pape Pie XII demande à la Société de prendre en charge le nouveau diocèse de Hualien, à Taiwan.

Pendant la période contemporaine, les missionnaires étrangers ont été expulsés de plusieurs pays, successivement de Chine, de Birmanie, du Vietnam, du Cambodge, du Laos. La Société des Missions étrangères a été contrainte de redistribuer son personnel. Certains missionnaires ont dû rester en France à cause de leur âge ou pour des raisons de santé. Les autres sont repartis vers de nouveaux territoires, venus s’ajouter aux champs d’apostolat traditionnels : à Madagascar, à l’Ile Maurice, en Indonésie, en Nouvelle Calédonie.

Depuis le XVIIe siècle, la Société des Missions étrangères de Paris a envoyé en Asie près de 4.500 prêtres. Elle n’en compte plus maintenant que 379. Fidèle à sa mission malgré des effectifs réduits, elle continue, aujourd’hui comme hier, de servir les Eglises qu’elle a contribué à fonder. Base de départ pour les nouveaux missionnaires, le Séminaire de la rue du Bac est devenu aussi, récemment, un centre d’accueil pour les prêtres-étudiants asiatiques.

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